4 octobre 2018

Pétrole : c’est la production américaine qui contribue actuellement à réduire le déséquilibre offre-demande

Le récent " breakout " du prix du pétrole (actuellement à 76 USD sur une référence New York et 86USD sur une référence Mer du Nord) nous donne l'opportunité de faire un point sur ce que nous observons et ce que nous pouvons en déduire sur l'équilibre du marché du pétrole. Par Christophe Morel, Chef Economiste.

Le récent  » breakout  » du prix du pétrole (actuellement à 76 USD sur une référence New York et 86USD sur une référence Mer du Nord) nous donne l’opportunité de faire un point sur ce que nous observons et ce que nous pouvons en déduire sur l’équilibre du marché du pétrole. D’abord, les faits :

  • C’est au premier trimestre 2018 que le déséquilibre a été le plus marqué sur le marché du pétrole, à la fois en raison de l’accélération de la demande (courbe verte sur le graphique 1) et de la décélération de l’offre (courbe violette). Le marché du pétrole reste actuellement déséquilibré avec une demande (99.3 millions barils/jour) toujours en excès par rapport à l’offre (98.8 mb/j). Cependant, ce déséquilibre est plutôt en voie de résorption, essentiellement en raison de la réaccélération de l’offre (graphique 1).

2018 10 04 petrole 1

Si l’offre repart, c’est uniquement le fait de la production américaine qui a augmenté de 1,5mb/j depuis un an (graphique 2). Ce redémarrage de l’offre américaine peut être mis en perspective avec le rebond de l’investissement dans le secteur de l’exploration énergétique et la réactivation de puits pétroliers (graphique 3).

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  • L’offre de pétrole hors États-Unis est resté quasi-stable depuis 2 ans et demi. En revanche, le  » pouvoir d’achat  » de ces pays exportateurs a  » mécaniquement  » augmenté avec le rebond du dollar et la hausse quasi continue du pétrole depuis un an (graphique 4)

2018 10 04 petrole 4

Ce que nous pouvons en déduire de toutes ces observations :

  • S’agissant de la demande de pétrole, les prévisions nous semblent actuellement cohérentes avec nos perspectives de croissance mondiale, si bien que la  » surprise  » ne devrait pas provenir de la demande. En ce sens, le prix du pétrole devrait rester sensible aux facteurs d’offre.
  • Du côté de l’offre, les pays de l’OPEP ne sont pas forcément incités à redémarrer leur production au vue des résultats positifs de leur stratégie de regain de pouvoir d’achat. S’agissant de l’offre américaine, elle ne devrait plus tellement progresser ; en effet, le climat des affaires dans le district de Kansas City – excellent indicateur avancé de l’investissement dans l’exploration énergétique – suggère que l’investissement dans l’exploration énergétique devrait encore un peu augmenter, mais ne devrait pas non plus accélérer.
  • Dès lors, la hausse récente du prix du pétrole traduit une vulnérabilité à l’offre, et singulièrement au contexte géopolitique. Bien sûr, le cours du baril peut s’emballer si les tensions s’amplifient au Moyen-Orient. Mais si les incertitudes géopolitiques s’atténuent, avec un déséquilibre en voie de résorption, le prix  » d’équilibre  » du pétrole (référence New York) est plutôt entre 65 et 70 USD (graphique 5).

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