#Finance durable
8 avril 2022

Synthèse du 3ème volet du 6ème Rapport du GIEC : des solutions urgentes à mettre en place pour limiter le réchauffement climatique

A la suite de son dernier volet du 6e rapport d'évaluation sur l'état du changement climatique diffusé fin février, le GIEC a publié le troisième volet, qui se consacre à l'atténuation des conséquences du réchauffement climatique.

Le GIEC définit également les transformations possibles du système qui permettraient de limiter le réchauffement. Enfin, le rapport insiste sur le rôle croissant des investisseurs, des entreprises et des citoyens dans l’effort mondial de lutte contre le réchauffement climatique et identifie de multiples cadres analytiques pour évaluer les moteurs, les obstacles et les options d’action pour les mesures d’atténuation.

Dans ce volet, le GIEC propose des solutions à mettre en place pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ; à la fois des solutions pour une énergie moins carbonée à travers la transition des énergies fossiles vers des énergies bas-carbones ou des technologies d’élimination du dioxyde de carbone mais également des solutions pour réduire la demande énergétique.

A ce stade, le constat qui est fait est un constat d’échec de la situation climatique actuelle. Les tendances évoluent dans le bon sens mais cela n’est pas assez et trop lent pour espérer limiter le réchauffement à 1,5°C ou même 2°C.

Sur la période 2010-2019, le taux de croissance des émissions de GES a été inférieur à celui de la période 2000-2009 mais les émissions ont continué de croître pour atteindre 59 Gt CO2e en 2019 ; 34% provenant du secteur de l’approvisionnement en énergie, 24 % de l’industrie, 22 % de l’agriculture, foresterie et autres utilisations des terres, 15 % du transport et 6 % des bâtiments. Le GIEC estime que le budget carbone restant à partir de 2020 pour limiter le réchauffement à 1,5°C (avec une probabilité de 50 %) est de 500 Gt CO2 et de 1150 Gt CO2 (pour une probabilité de 67%) pour limiter le réchauffement à 2°C.

Global net anthropogenic emissions have continued to rise accross all major groups of greenhouse gases

Source : GIEC

Ce rapport du GIEC met en exergue le gap entre la situation actuelle et les objectifs alignés avec des scénarios 1,5°C ou 2°C. Concernant l’intensité carbone de l’énergie primaire, certes, elle a diminué de 0,3 % par an sur la période 2010-2019 mais pour comparaison, elle devrait diminuer à l’échelle mondiale d’environ 3,5 % par an entre 2020 et 2050 dans les scénarios qui limitent le réchauffement à 2°C et d’environ 7,7 % par an dans les scénarios qui limitent le réchauffement à 1,5°C.

Selon les scénarios modélisés qui limitent le réchauffement à 1,5°C, les émissions mondiales de GES devraient atteindre un pic entre 2020 et au plus tard avant 2025 à l’échelle mondiale. Néanmoins, sans un renforcement des politiques au-delà de celles qui sont mises en œuvre à fin 2020, les émissions de GES devraient augmenter au-delà de 2025, conduisant à un réchauffement planétaire médian de 3,2°C d’ici 2100. Le rapport constate également une inégalité dans les émissions de GES liée au niveau de développement. En 2019, environ 48% de la population mondiale vit dans des pays émettant en moyenne plus de 6 tCO2e par habitant, 35% dans des pays émettant plus de 9 tCO2e par habitant et 41% dans des pays émettant moins de 3 tCO2e par habitant.

Le GIEC observe une baisse significative du coût des technologies à faibles émissions depuis 2010. Pour exemple, de 2010 à 2019, les coûts unitaires de l’énergie solaire ont diminué de 85%, de 55% pour l’énergie éolienne et de 85% pour les batteries au lithium-ion. Par ailleurs, une forte augmentation de leur déploiement est constatée (>10x pour l’énergie solaire et >100x pour les véhicules électriques), avec des variations importantes selon les régions.

The unit costs of some forms of renewable energy and of batteries for passengers Evs ahave fallen, and their use continues to rise

Source : GIEC

Les ensembles de politiques d’innovation ont permis ces réductions de coûts et favorisé l’adoption au niveau mondial. Dans les pays les moins développés, l’innovation a pris du retard dû à des conditions défavorables (financement, technologies, compétences…). Le rapport met en avant la digitalisation pour réduire les émissions, mais constate aussi qu’elle peut avoir des effets secondaires négatifs si elle n’est pas gérée de manière appropriée.

En termes de financement, les flux financiers totaux annuels suivis pour l’atténuation et l’adaptation climatiques ont augmenté jusqu’à 60 % entre 2013/14 et 2019/20 soutenu par le fort développement des marchés des obligations vertes, des produits ESG et de la finance durable. Cependant, la croissance moyenne a ralenti depuis 2018. Les progrès en matière d’alignement des flux financiers sur les objectifs de l’Accord de Paris restent lents et les flux de financement sont répartis de manière inégale entre les régions et les secteurs. En outre, le GIEC note que les flux financiers publics et privés destinés aux combustibles fossiles sont toujours plus importants que ceux destinés à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation.

Le rapport du GIEC apporte différentes options d’atténuation à mettre en place pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ; privilégiant les solutions naturelles, telles que la gestion durable des forêts, la lutte contre la déforestation, l’agroforesterie et séquestration de carbone par les sols, car elles sont plus répandues, moins coûteuses et à plus fort potentiel. En revanche, les solutions technologiques comme le CCS (Carbon Capture and Sequestration) ont un potentiel bien moindre et ont un coût rapporté à la tonne de CO2 plus élevé.
Les options d’atténuation, lorsqu’elles sont mises en oeuvre de manière durable, peuvent permettre de réduire les émissions de GES à grande échelle et d’améliorer les absorptions, mais ne peuvent pas compenser entièrement les retards dans certains secteurs. Ainsi, le secteur de l’énergie nécessite des transitions majeures notamment la réduction de l’utilisation globale de combustibles fossiles, le déploiement de sources d’énergie à faibles émissions, ainsi que l’efficacité et la conservation de l’énergie.

Concernant l’industrie, c’est toute la chaîne de valeur qui devra être repensée afin d’atteindre la neutralité carbone en favorisant l’adoption de nouveaux procédés de production utilisant de l’électricité, de l’hydrogène, des carburants à faible/sans GES. Les zones urbaines peuvent accroître l’efficacité des ressources et réduire considérablement les émissions de GES en repensant leurs infrastructures et en favorisant des voies de développement à faibles émissions. Le secteur du bâtiment pourrait atteindre la neutralité carbone si des mesures ambitieuses de suffisance, d’efficacité et d’énergie renouvelable sont adoptées. Pour limiter la pollution des transports, il faudrait agir sur la demande afin de la réduire et favoriser les véhicules électriques alimentés via une source d’énergie bas-carbone, qui constituent aujourd’hui la meilleure offre disponible en termes de décarbonisation.

Selon le GIEC, les options d’atténuation dont le coût est inférieur ou égal à 100$/tCO2eq pourraient réduire les émissions mondiales de GES d’au moins la moitié du niveau de 2019 d’ici à 2030. Dans la plupart des publications évaluées, l’avantage économique mondial d’une limitation du réchauffement à 2°C dépasserait le coût de l’atténuation. Ainsi, pour lutter contre le réchauffement, la mise en place d’actions climatiques est inévitable.

Le GIEC finit son rapport en constatant que l’adaptation et l’atténuation doivent tenir compte de l’équité. Une transition juste est essentielle dans tous les scénarios de décarbonation.

 

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