19 janvier 2021

Allemagne : l’élection d’A. Laschet à la tête de la CDU est le choix de l’expérience, de la continuité et du rassemblement

Globalement, les élections allemandes sont potentiellement importantes pour façonner la position de l'Allemagne sur la politique budgétaire intérieure, le Fonds de relance de l'UE, l'alliance Franco-allemande, les réformes possibles des règles budgétaires de la zone euro et la politique monétaire de la BCE.

Maryse Pogodzinski
[Maryse Pogodzinski, Economiste]
Armin Laschet a été élu à la tête du parti conservateur allemand CDU (*), avec une faible majorité au second tour contre Friedrich Merz. C’est la victoire « du centriste à figure rassembleuse » et fidèle d’A. Merkel contre « le plus droitier » des candidats. A huit mois des élections législatives allemandes du 26 septembre, cette victoire pourrait faire de lui le prochain candidat au poste de chancelier fédéral et donc le possible successeur d’A. Merkel à la tête du gouvernement allemand.

(*) Ce vote numérique doit être officiellement ratifié par un vote par correspondance jusqu’au 22 janvier 2021

 

Dans le passé, le chef du parti CDU était presque automatiquement le candidat CDU/CSU pour le poste de chancelier, mais peut-être pas cette fois. En effet, ce dernier doit s’accorder avec le patron du CSU de centre droit M. Söder pour désigner qui sera le candidat aux élections. Le chef du CSU lui-même M. Söder et l’actuel ministre de la santé J. Spahn sont considérés comme des candidats potentiels. Le nom du candidat CDU/CSU sera connu au plus tard fin avril.

Jusqu’ici, A. Laschet a opté pour une stratégie centriste, probablement la plus sûre ; celle-ci sera testée à deux élections régionales en mars et le résultat pourrait favoriser la candidature d’A. Laschet au poste de chancelier fédéral.

 

Qui est Armin Laschet ? c’est le « patron » de la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la plus peuplée d’Allemagne (18 millions d’habitants sur 85 millions), il représente la position politique centrée modérée de la CDU

  • Il a l’expérience gouvernementale (ministre et député régional depuis 2010) et a déjà gagné des élections (à la tête de la Rhénanie-du-Nord depuis 2017 ; député fédéral de 1994 à 1999 et député européen de 1999 à 2004).
  • Il a toujours été un fidèle allié d’A. Merkel au sein de la CDU, y compris pendant la crise des réfugiés en 2015, en cohérence avec des convictions affirmées de longue date (il a été ministre chargé des questions d’intégration dans le gouvernement régional de Rhénanie). Ces dernières semaines, il n’a cessé de répéter « qu’une rupture avec A. Merkel serait une folie ».
  • Il est pour le rassemblement : en déclarant sa candidature à la présidence de la CDU en février 2020, il a d’emblée annoncé qu’il se présentait « en alliance » avec le jeune ministre de la santé Jens Spahn, ce qui lui a probablement permis d’élargir ses soutiens au sein du parti CDU, notamment du côté des plus conservateurs. Il a également réitéré lors de son discours post élection son engagement à intégrer tous les différents  » courants  » au sein de la CDU.

Principales positions politiques :

  • Politique budgétaire : réduction du « fardeau » de la dette publique via la croissance économique ; opposé aux hausses d’impôts et aux prélèvements
  • Politique économique : promouvoir la croissance économique ; réduire le « fardeau » des entreprises ; création d’un « ministère des affaires numériques » dans le cadre d’un plan en 10 points pour refondre l’économie allemande. Moderniser le pays est une priorité absolue car l’Allemagne est confrontée à des changements structurels importants.
  • Politique européenne : renforcer l’UE, en jouant un rôle clé dans la politique étrangère et être un acteur crédible au niveau mondial ; renforcer la relation transatlantique et nécessité pour l’Allemagne et l’UE à assurer plus de responsabilités.
  • Politique climatique : en faveur d’un meilleur équilibre entre politique climatique, transition énergétique et politique industrielle, afin de conserver le statut allemand de puissance industrielle.
  • Politique sociale et marché du travail : favorable au télétravail, à un meilleur enseignement scolaire et à la formation professionnelle ; développement des gardes d’enfants.
  • Sécurité intérieure et migration : partisan de la politique migratoire d’A. Merkel mais insiste sur une ligne plus dure contre les demandeurs d’asiles dangereux/criminels.

Si A. Laschet est le candidat de la CDU/CSU et gagne les élections pour le poste de chancelier allemand le 26 septembre, les démocrates libéraux (FDP) sont les partenaires privilégiés pour la future coalition. Cela dit, cette alliance ne suffira pas pour obtenir la majorité au niveau fédéral. Les derniers sondages montrent : CDU/CSU en tête avec 36% du total des votes, suivi des verts avec 19% et du SPD à 15%, et seulement 6% pour le FDP. Par conséquent, deux scénarios possibles pour un gouvernement majoritaire post élections du 26 septembre 1/ une grande coalition mais à ce stade le SPD a déjà mentionné qu’il ne le souhaitait pas ; ou 2/ une coalition conservateurs et le parti des verts, à priori le plus probable.

Le seul résultat des élections allemandes qui changerait considérablement les perspectives serait une coalition entre les verts, le SPD et le parti de gauche. Un tel gouvernement fédéral sans la CDU/CSU pourrait nuire à l’économie allemande par le biais de certaines inversions de réformes et de réglementations.

Globalement, les élections allemandes sont potentiellement importantes pour façonner la position de l’Allemagne sur la politique budgétaire intérieure, le Fonds de relance de l’UE, l’alliance Franco-allemande, les réformes possibles des règles budgétaires de la zone euro et la politique monétaire de la BCE.

 

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