BCE : les arguments « structurels » au resserrement monétaire
Beaucoup d'observateurs ont été récemment surpris par la tonalité moins accommodante des banquiers centraux européens, notamment à l'issue de la dernière réunion de politique monétaire.

Extrait de la Lettre du Trésorier
Nous pensons que cette tonalité va se renforcer. Trois arguments « structurels » conduiront la BCE à accélérer son resserrement monétaire : la clarification de son rôle dans l’architecture de politique économique, la reconnaissance que les transitions sont « par nature » inflationnistes et l’importance accordée aux anticipations d’inflation.
L’architecture de politique économique se « normalise »
Désormais, l’architecture de politique économique est plus équilibrée entre politique monétaire et politique budgétaire. Ce rééquilibrage est sain dans le sens où la croissance ne repose plus principalement sur le soutien de la banque centrale. Plus précisément, les objectifs se clarifient : le soutien à la croissance relève désormais principalement de la politique budgétaire, tandis que la stabilité des prix et la stabilité financière reviennent à la politique monétaire. Ce faisant, face à l’inflation, la BCE n’a donc plus de culpabilité à resserrer les conditions monétaires.
Les transitions sont « par nature » inflationnistes
Les économies européennes doivent faire face à plusieurs défis de long terme : la transition environnementale, le vieillissement démographique, l’accélération de l’indépendance stratégique dans les domaines les plus sensibles (numérique, semi-conducteurs, santé, défense, denrées alimentaires). La crise géopolitique est un argument supplémentaire pour avancer le calendrier de l’indépendance stratégique.
Les phases de transitions se caractérisent par le passage d’un modèle économique à un autre. En ce sens, elles sont « par définition » inflationnistes parce qu’elles provoquent un choc positif sur la demande à un moment où les ressources (matières premières, main d’œuvre) sont rares.
Les anticipations d’inflation comme baromètre du risque de second tour sur l’inflation
La politique monétaire n’a pas d’emprise sur l’inflation lié à un choc d’offre. En effet, un durcissement monétaire ne permet pas de desserrer les contraintes d’approvisionnement. En revanche, les banquiers centraux sont convaincus qu’ils doivent agir si le choc d’offre provoque des effets de « second tour » sur l’inflation. Ce risque est apprécié par les anticipations d’inflation : lorsque ces anticipations sont haussières, cela incite les ménages et entreprises à avancer leurs dépenses de consommation et d’investissement, provoquant un gonflement de la demande qui alimente les tensions inflationnistes.
A cet égard, la BCE considère que l’une des statistiques les plus pertinentes pour jauger si ces anticipations sont bien ancrées est la prévision de l’inflation à 5 ans par les analystes. Cet indicateur a renoué avec la cible d’inflation à 2%, et il devrait » sortir par le haut » (cf. graphique). Ce risque de » second tour » est d’autant plus préoccupant pour la BCE qu’une enquête récemment menée auprès de grandes entreprises européennes faisait état d’une perspective de 3.5% de hausse salariale en 2022[1].
Source : ECB Survey of Professional Forecasters (SPF)
Non seulement, l’extraordinaire stimulus monétaire ne se justifie plus, mais il est temps de reprendre des « munitions » pour pouvoir faire face au prochain retournement cyclique. Nous pensons que la BCE accélèrera son resserrement monétaire à la fois via sa politique monétaire conventionnelle (la hausse des taux directeurs) et la politique monétaire non conventionnelle (le dégonflement du bilan). Cependant, cette hausse des taux n’est pas non plus sans limite : dans un environnement d’endettement élevé, la « répression financière » reste indispensable. La BCE continuera donc de tout faire pour maintenir les taux longs en-dessous de la croissance nominale.
[1] Schabel I. (24 février 2022), » Finding the right sequence ».
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