Brésil : vigilance au retour des incertitudes politiques
La méfiance semble être de retour sur les marchés financiers brésiliens depuis début mars. Le mouvement s'est amplifié ce mercredi. Le réal a retrouvé ses plus bas niveaux depuis octobre 2018 alors que l'indice Ibovespa a perdu 8 % entre le 18 et 27 mars.
Nous avons toujours pensé que la confiance des investisseurs vis-à-vis de M. Bolsonaro paraissait temporaire et que les marchés brésiliens étaient sujets à correction en raison du risque élevé de blocage et de retard dans l’application des réformes. Les derniers développements renforcent encore plus notre prudence quant à la capacité du gouvernement à faire approuver ses projets. Cette prudence doit rester de mise dans les prochains mois. Dans un Parlement fragmenté avec 30 partis politiques idéologiquement divergents alors que le parti du président est minoritaire (52 députés sur 513), le risque de blocage et de retard (et donc risque de volatilité sur les marchés brésiliens) n’a jamais été aussi élevé. Si le ministre de l’Economie Paulo Guedes promettait encore récemment une approbation en juin ou juillet, il parait plus pessimiste mercredi devant le Sénat, reconnaissant l’échec du gouvernement à convaincre les députés du mérite de son projet et anticipant d’ores et déjà son départ.
Reste à savoir quelles seront les conséquences d’un blocage/retard, voire d’un rejet du projet de réformes. Nous pensons qu’elles seront visibles en premier lieu au niveau de la Banque centrale du Brésil (BCB) et l’orientation de sa politique monétaire. Jusqu’à présent, l’institution a toujours mis en avant l’importance de la continuité du processus de réformes pour le maintien d’une inflation basse à court et moyen terme et pour un redressement durable de l’économie. Un blocage/rejet du projet de réforme des retraites et son impact sur trajectoire des dépenses publiques entraîneraient de nouvelles tensions sur le réal et in fine sur l’inflation. Selon les estimations de la banque centrale, l’inflation pourrait s’accélérer jusqu’à 6-6,5 %, soit au-dessus de la cible de 4,5 %.
Dans ce contexte, la BCB pourrait être amenée à réorienter sa politique monétaire. Depuis le début de l’année, l’institution se montre » dovish « , suggérant même en mars la possibilité d’une baisse du taux Selic en raison de la faiblesse de l’activité économique. La condition nécessaire en faveur de ce mouvement est l’approbation parlementaire de la réforme des retraites. Un blocage ou un rejet de cette dernière va écarter l’hypothèse d’un nouvel assouplissement monétaire, voire provoquer le début d’un cycle de resserrement si l’inflation venait à s’accélérer rapidement. Elle mettra un peu plus à mal la reprise économique en cours. Celle-ci est lente et aucun signe d’amélioration franche ne s’est manifesté à ce stade, à la fois du côté de la production et du côté de la demande.
En conclusion, compte tenu des derniers développements politiques, nous réitérons notre diagnostic fait à l’issue du message du 22 mars dernier. La probabilité d’une baisse du Selic est faible en raison des risques de blocage et de retard dans l’application du projet de réforme des retraites. Notre scénario de croissance est à ce stade inchangé. La reprise restera lente, freinée par les fragilités structurelles pesant sur l’investissement et les turbulences liées aux incertitudes politiques. Au final, la croissance du PIB ressortirait en dessous du consensus : à 1,8 % en 2019 (vs. 2,2 % selon le consensus) après 1,1 % en 2018.
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