Chine : la crise de l’électricité reste un point de vigilance au dernier trimestre 2021
Au total, le risque de pénuries d'approvisionnement en charbon, et in fine, en électricité, bien que plus réduit, devrait persister. Il pèsera encore sur la trajectoire de la croissance au dernier trimestre 2021. Pour rappel, cette dernière s'est nettement décélérée au troisième trimestre, à 4,9 % sur un an après 7,9 % au deuxième. Les contraintes d'offre devraient parallèlement maintenir les coûts de production élevés sans conséquences majeures sur les prix finaux.
Le resserrement de l’approvisionnement en charbon
La crise de l’électricité est attribuable en premier lieu au resserrement de l’approvisionnement en charbon. Si la demande d’électricité s’est accélérée, dépassant son niveau atteint en 2019 (cf. graphique 1), les contraintes sont fortes du côté de l’offre. En effet, la production de charbon peine à retrouver sa tendance passée (cf. graphique 2). Les mesures de restriction des capacités productives mises en place notamment à l’automne 2020 et la fermeture de plusieurs entreprises considérées comme inefficientes et obsolètes ont fortement pesé sur le secteur. D’ailleurs, le nombre d’entreprises productrices de charbon n’a cessé de baisser (cf. graphique 3).
Dans le même temps, la baisse de la production domestique de charbon n’est pas compensée par les importations. Celles-ci ont été pénalisées par l’embargo sur les importations de charbon australien alors que celles en provenance de l’Indonésie et de la Mongolie ont été perturbées par les restrictions de transport liées à la pandémie du Covid-19 et les mauvaises conditions climatiques survenues en Asie du Sud-Est. La flambée des cours mondiaux du charbon constitue également un frein aux importations, poussant les générateurs à puiser dans leurs réserves (cf. graphique 4).
Enfin, la transition énergétique prend du retard. En Chine, la consommation d’énergie primaire reste dominée par le charbon. Le pays a enregistré à lui seule plus de la moitié de la consommation mondiale. La part du charbon dans la consommation d’énergie primaire est estimée à 58 % en 2019. Malgré les efforts déployés dans le cadre de la transition énergétique, les nouvelles énergies peinent à se renforcer (cf. graphique 5). La production hydraulique a même baissé de 2,3 % au cours des neuf premiers mois de 2021 contre +5,3 % en 2020.
L’accélération de l’agenda de décarbonation
Les pénuries de charbon ont été exacerbées par l’accélération de l’agenda de décarbonation dans plusieurs provinces au lendemain de la publication du « Dual-Control Assessment Report » par la Commission nationale pour le développement et la réforme (NRDC). Pour rappel, la Chine vise le pic des émissions de carbone d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2060. Pour atteindre ces objectifs de long terme, des cibles de court terme ont été fixées, au niveau national (réduction de l’intensité énergétique de 3 % du PIB en 2021) mais aussi au niveau des collectivités locales. Ces dernières sont classées selon deux critères : l’intensité énergétique (ratio consommation d’énergie par rapport à la production) et la consommation totale d’énergie. Elles sont ensuite classées, à chaque semestre, suivant trois niveaux d’alerte. Le Niveau 1 (rouge) est le seuil d’alerte le plus élevé. Il suggère, pour les provinces classées dans cette catégorie, une mise en place immédiate des mesures de contrôle strictes afin de respecter le double objectif énergétique de cette année et réduire les émissions polluantes. Selon la NRDC, 9 provinces sont classées « rouge » (cf. figure ci-dessous). Guangdong et Jiangsu, deux plus grandes provinces du pays (35 % du PIB national et 37 % de la consommation d’électricité), font partie de ce classement rouge et ont été amenés, en conséquence, à réduire drastiquement leur consommation d’énergie.
Le déséquilibre entre l’offre et la demande de charbon va persister
A court terme, le ralentissement de l’activité en cours, notamment du secteur de la construction, permettrait de réduire les tensions sur la demande en charbon. Du côté de l’offre, les contraintes devraient également s’atténuer progressivement. Depuis fin d’été, le gouvernement a assoupli les restrictions sur la production de charbon et augmenté, parallèlement, les importations en provenance d’Australie, de Russie et du Kazakhstan. L’interrogation portera sur l’évolution la politique de décarbonation du gouvernement. Etant donnée l’importance du pilier « Environnement » dans le plan quinquennal et le renforcement du poids de l’industrie consommatrice d’énergie après la crise sanitaire, nous pensons que la surveillance du « double objectif » énergétique opéré au niveau régional sera maintenu. Des ajustements prudents et ciblés sont envisageables toutefois si nécessaire. En revanche, aucune mesure en faveur d’une dépendance moindre au charbon et d’un développement rapide des énergies renouvelables ne semblent réalisable à l’horizon proche.
Au total, le risque de pénuries d’approvisionnement en charbon, et in fine, en électricité, bien que plus réduit, devrait persister. Il pèsera encore sur la trajectoire de la croissance au dernier trimestre 2021. Pour rappel, cette dernière s’est nettement décélérée au troisième trimestre, à 4,9 % sur un an après 7,9 % au deuxième. Les contraintes d’offre devraient parallèlement maintenir les coûts de production élevés sans conséquences majeures sur les prix finaux. En septembre, l’écart entre les indices des prix à la production et à la consommation a atteint un niveau record (cf. graphique 6).
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