19 juillet 2021

Chine : la reprise perd de l’élan, le risque d’un ralentissement plus marqué est maîtrisé grâce à la politique du « Stop and Go »

Nous pensons néanmoins que le risque d'un ralentissement économique plus marqué est maîtrisé grâce à la présence de l'Etat et sa politique du "Stop and Go". Dans un contexte où les tensions inflationnistes sont contenues, les autorités disposent de marges de manœuvre pour apporter de nouveaux dispositifs de soutien à l'activité.

Thuy Van Pham
[Thuy Van Pham, Economiste]
En Chine, les indicateurs publiés ce jour confirment la décélération de la croissance de l’activité en juin. La production industrielle a progressé de 8,3 % sur un an après 8,8 % en mai. L’indice de la production de l’activité du secteur des service a crû de son côté de 11 % après 12,5 %. Les performances sont plus divergentes du côté de la demande (cf. graphique 1). Les exportations ont continué de progresser à un rythme soutenu grâce à la forte demande pour les biens d’équipement et médicaux. En revanche, les ventes au détail prennent toujours du retard et les dépenses en capital fixe ont fortement ralenti. Au total, la croissance de l’économie s’est modérée au deuxième trimestre 2021. Selon les estimations du Bureau National des Statistiques, le PIB a progressé de 7,9 % sur un an après 18,3 % au premier trimestre (cf. graphique 2).

Chine : production et demande (indice 100 = sept 2019)

Chine : PIB en volume (variations sur un an, %)

Le ralentissement de la reprise économique ne constitue pas une surprise. Au-delà des effets de base de moins en moins favorables, les chiffres du jour confirment que : 1/ le pic de la reprise est passé ; et 2/ la demande domestique peine à prendre le relais du moteur externe. A ce stade, rien n’est alarmant. La croissance devrait se normaliser et converger vers son rythme d’avant crise. Néanmoins, le risque de voir un ralentissement plus marqué est présent. Outre les difficultés d’approvisionnement et les mesures de lutte contre la pollution pesant sur l’industrie manufacturière, trois facteurs de frein à la demande interne doivent attirer notre attention :

  • L’impact de la stratégie « zéro Covid » sur la confiance des ménages : le risque sanitaire demeure une des contraintes majeures à la reprise de la consommation. Certes, la Chine a réussi à maîtriser rapidement la circulation du virus et a progressé en termes de proportions de personnes vaccinées (avec 43 personnes sur 100 habitants totalement vaccinées à ce jour). Toutefois, des incertitudes persistent quant à l’efficacité des vaccins administrés (Sinopharm, CoronoVac du laboratoire Sinovac). Parallèlement, le pays poursuit sa stratégie « zéro Covid » qui consiste à favoriser la fermeture des frontières et la mise en place des mesures sanitaires strictes à chaque apparition des cas. Une telle approche tend in fine à détériorer le moral des ménages, de sorte que l’épargne, déjà élevée en raison des facteurs structurels (vieillissement démographique, absence de système de protection sociale performant et montée des inégalités de revenus), va peiner à baisser significativement ;
  • L’impact du lent rattrapage du revenu : à ce jour, l’écart entre le revenu disponible qu’aurait pu gagner un chinois sans la crise sanitaire et celui qu’il gagne réellement demeure important (cf. graphique 3). Le redressement du marché du travail est lent. Le taux de chômage a certes baissé mais reste loin de son niveau d’avant crise. L’absence d’amortisseurs sociaux de l’Etat ne permet pas non plus de compenser la perte de revenu ;
  • L’impact de la reprise du processus du désendettement : après une remontée durant la crise sanitaire, la dette totale de l’économie s’est stabilisée depuis l’automne 2020 grâce au ralentissement de la croissance du crédit accordé par les établissements bancaires. Ce processus de désendettement s’avère trop rapide et trop pénalisant pour l’investissement qui a ralenti nettement depuis le pic observé en début d’année. Le retour rapide en territoire négatif du « credit impulse », indicateur avancé de l’activité, suggère d’ailleurs un PMI manufacturier susceptible de descendre en dessous de la ligne des 50 dans les mois à venir (cf. graphique 4).

Chine : revenu disponible par tête (indice 100=2013)

Chine : "credit impulse" et PMI manufacturier

Nous pensons néanmoins que le risque d’un ralentissement économique plus marqué est maîtrisé grâce à la présence de l’Etat et sa politique du « Stop and Go ». Dans un contexte où les tensions inflationnistes sont contenues, les autorités disposent de marges de manœuvre pour apporter de nouveaux dispositifs de soutien à l’activité. La baisse surprise du ratio des réserves obligatoires des banques de 50 points de base le 9 juillet dernier illustre bien la volonté de Pékin de préserver la reprise économique et, dans le même temps, ralentir le contrôle du risque financier. Toutefois, si un nouveau cycle expansionniste est entamé, le caractère « non alarmant » des chiffres du jour ne suppose pas un besoin de mettre en place une stratégie agressive comme un abaissement imminent et significatif du taux d’intérêt directeur. D’ici la fin de l’année, de nouvelles actions sont attendues, à la fois du côté de la politique monétaire (nouvelle baisse du ratio des réserves obligatoires) et de la politique budgétaire (augmentation des émissions obligataires des collectivités locales pour stimuler l’investissement public).

 

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