22 septembre 2020

Chine : le rattrapage de la demande domestique se poursuit mais reste lente

Dans ce contexte, l'interrogation portera sur l'orientation de politique économique de Pékin dans les mois à venir. Si la "normalisation" de l'économie est l'objectif d'ici la fin de l'année, la poursuite de la transition et des réformes structurelles semble être les priorités pour 2021 et les années suivantes. En ce sens, le 14e Plan quinquennal (2021-2025) des lignes directrices de la stratégie de développement post-Covid du pays. Il devrait être présenté à l'issue de la 5e session plénière du 19e Comité central du Parti communiste chinois en octobre.

Thuy Van Pham
[Thuy Van Pham, Economiste Marchés Emergents]
En Chine, l’ensemble des indicateurs du mois d’août sont ressortis au-dessus du consensus. En particulier, l’activité industrielle a accéléré, retrouvant son rythme de progression connu au cours de la seconde partie de 2019 (+5,6 % sur un an, cf. graphique 1). L’accélération provient du secteur de l’électricité, de la chimie et des métaux non ferreux. A l’image de la nouvelle amélioration de l’enquête PMI, la production des services a également accéléré, de 4 % sur un an, soutenu par la bonne santé du secteur de la construction et du marché immobilier.

Chine : production et consommation (variations sur un an, %)

La bonne nouvelle est également du côté de la demande domestique où le rattrapage est quasi généralisé. Son rythme reste cependant en deçà de celui observé du côté de la production. Les ventes au détail ont enregistré leur première hausse depuis fin 2019 (+0,5 %). Enfin, les dépenses en capital fixe sont quasiment revenues au niveau d’août 2019. Elles sont principalement tirées par le secteur des infrastructures. L’investissement manufacturier peine encore, quant à lui, à se redresser franchement (cf. graphique 2).

Chine : dépenses en capital fixe - par secteurs (variations sur un an, en %)

Ainsi, l’économie poursuit sa reprise graduelle. Si elle se confirme en septembre, cette amélioration vigoureuse suppose une accélération de l’activité au troisième trimestre. Le PIB pourrait enregistrer une croissance de 6,7 % sur un an après +3,2 % au deuxième trimestre et -6,8 % au premier. Au-delà, la reprise va poursuivre progressivement. Au total, sur l’ensemble de l’année, la croissance ressortira autour de 3 %. En 2021 et grâce aux effets de base favorables, elle pourrait atteindre 8 %.

Nos prévisions de croissance sont exposées toutefois à d’importants risques baissiers. D’une part, l’impact du choc « Covid-19 » sur les activités des services comme le tourisme, les transports et l’hôtellerie et restauration persiste. D’autre part, les incertitudes sont élevées quant à la trajectoire de la demande, maintenant le décalage avec l’offre :

  • Le risque de résurgence de l’épidémie, la dégradation du marché du travail et les pertes de revenu qui pèsent sur la confiance des ménages et leur capacité de consommation ;
  • Les difficultés financières des entreprises industrielles notamment des PME, en lien avec la baisse des prix à la production (cf. graphique 3), et la poursuite du désendettement de l’économie défavorables aux investissements ;
  • La fin des mesures de relance aux secteurs touchés par la crise sanitaire du Covid-19 : à ce jour, environ 88 % des quotas d’obligations spéciales des collectivités locales prévus pour financer les projets d’investissement en infrastructures ont été émis. Du côté de la politique monétaire, les autorités ont adopté un discours en faveur d’une pause dans leur soutien à l’activité réelle. D’ailleurs, les nouveaux crédits accordés par les établissements bancaires ont déjà ralenti (cf. graphique 4) ;
  • Enfin, les tensions persistantes avec les Etats-Unis entretenant les incertitudes pour l’activité à l’exportation alors que la demande étrangère pour les biens médicaux et les masques liée à la crise du Covid-19 va s’atténuer.

Graphique 3

Graphique 4

Dans ce contexte, l’interrogation portera sur l’orientation de politique économique de Pékin dans les mois à venir. Si la « normalisation » de l’économie est l’objectif d’ici la fin de l’année, la poursuite de la transition et des réformes structurelles semble être les priorités pour 2021 et les années suivantes. En ce sens, le 14e Plan quinquennal (2021-2025) des lignes directrices de la stratégie de développement post-Covid du pays. Il devrait être présenté à l’issue de la 5e session plénière du 19e Comité central du Parti communiste chinois en octobre.

 

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