Chine : l’industrie manufacturière accélère mais les incertitudes sur la demande restent fortes
En Chine, l'indice PMI du secteur manufacturier réalisé par Caixin/Markit auprès des entreprises côtières orientées à l'exportation s'est redressé à 52,8 en juillet après 51,2 en juin (cf. graphique 1). L'amélioration vient renforcer celle, plus modérée, de l'enquête officielle réalisée auprès principalement des entreprises étatiques (51,1 après 50,9 en juin). A noter que l'indice PMI officiel du secteur des services ne progresse plus. Ressortant à 54,2 après 54,4 en juin, il reste toutefois sur des niveaux enregistrés avant la crise sanitaire du Covid-19.
La nouvelle amélioration du climat des affaires en juillet est cohérente avec notre diagnostic sur la reprise graduelle de l’activité. Celle-ci, débutée au deuxième trimestre après le choc violent connu en début d’année, se poursuit. Le rebond devrait s’amplifier dans les prochains mois avec le retour « à la normale » désormais de l’ensemble des activités (cf. graphique 2). Nous maintenons ainsi notre scénario de croissance à 3 % sur l’ensemble de l’exercice 2020. D’ailleurs, la progression du PIB à 3,2 % sur un an au deuxième trimestre était en ligne avec nos projections.
La prudence doit toutefois rester de mise. Dans un environnement économique et sanitaire incertain, plusieurs risques pourraient venir perturber nos projections. Outre l’impact de fortes inondations dans le centre et l’est du pays, nous identifions trois facteurs défavorables à la demande :
1/ Les incertitudes sur les commandes à l’exportation : jusqu’à présent, l’activité à l’exportation a été résiliente. En effet, le pays a pu bénéficier de la réouverture des principales économies avancées et d’une demande importante pour les produits médicaux et textiles (principalement les masques). Les perturbations des chaînes de production dans les autres pays exportateurs concurrents ont aussi contribué à réorienter les commandes vers la Chine. Néanmoins, l’appréciation des exportateurs au regard des carnets de commandes dans les enquêtes PMI du secteur manufacturier demeure défavorable en juillet pour le septième mois consécutif. L’inquiétude concerne essentiellement la reprise asynchrone de la demande des économies développées tandis que les tensions avec les Etats-Unis se sont amplifiées, réitérant les doutes quant à la viabilité de l’accord commercial de la phase 1 entre les deux pays.
2/ Le choc de confiance des ménages : la demande des ménages peine à renouer avec la croissance (cf. graphique 3). Les consommateurs restent prudents en raison des craintes d’une deuxième vague d’infections, de la baisse des revenus et de la montée du taux de chômage. Ce dernier s’est élevé à 5,7 %, soit juste en dessous de l’objectif fixé par les autorités. En conséquence, le taux d’épargne des ménages a continué de progresser. Au deuxième trimestre 2020, il a atteint un record historique à 39,4 % du revenu disponible (cf. graphique 4).
3/ Des politiques économiques moins expansionnistes : déjà en retrait en termes de plans de relance par rapport aux autres pays, les autorités ont mis l’accent, lors des récents communiqués, sur la nécessité de poursuivre les réformes structurelles en faveur d’un renforcement de la consommation privée et par conséquent de cibler davantage les mesures de relance. Autrement dit, les actions de l’Etat et donc l’effet multiplicateur sur la croissance et sur l’investissement en infrastructures en particulier devraient être plus modérés au cours de la seconde partie de l’année. Pour rappel, depuis le début de la crise sanitaire, le montant des mesures de soutien à l’économie annoncées est estimé à environ de 5 % du PIB (contre l’enveloppe estimée à 13 % du PIB appliquée en 2008).
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