Chine : risque inflationniste contenu malgré l’accélération des coûts de production
A plus long terme, si l'inflation venait à "déraper", Pékin n'hésitera pas à changer de cap et mettre en place des mesures drastiques nécessaires. Dans un contexte où la consommation est faible et où les inégalités s'accroissent, les autorités auront le cœur à préserver la croissance et la stabilité sociale.
Cette situation est attribuable à plusieurs facteurs. Elle reflète tout d’abord un contexte mondial dominé par la forte demande de matières premières et la reconstitution des stocks des pays développés, alors que parallèlement, les contraintes d’offre demeurent élevées. Les autres raisons sont en revanche plus spécifiques. Les effets de base sont très importants par rapport à l’année dernière. Ensuite, les autorités chinoises ont restreint en mai la capacité de production de certains produits de base (charbon, acier, aluminium) afin de réduire les émissions polluantes. Enfin, les activités spéculatives se sont fortement développées sur les marchés de matières premières domestiques, alimentant la volatilité des prix.
Dans ce contexte, deux interrogations méritent d’être soulignées :
1/ La hausse de l’IPP se répercutera-t-elle sur les consommateurs ?
La flambée des coûts de production suscite en premier lieu le spectre que la Chine devra soudainement faire face à un choc inflationniste alors que la reprise de la demande domestique peine à retrouver ses rythmes de croissance d’avant crise. Force est de constater que contrairement aux épisodes passés, les répercussions sur l’indice des prix à la consommation (IPC) sont inexistantes à ce stade. L’écart entre les deux indices de prix n’a jamais été aussi élevé (cf. graphique 2). En mai, la hausse de l’IPC est ressortie à seulement 1,3 %. Si elle devait s’accélérer à environ 3 % à la fin de l’année, l’inflation annuelle ne ressortirait qu’à 1,3 % sur l’ensemble de l’exercice, soit bien au-delà de l’objectif de 3 % fixé par le gouvernement. Les autorités ont d’ailleurs affiché leur confiance quant à sa trajectoire future. Selon elle, l’inflation est « fondamentalement maîtrisée » à court terme.
Plusieurs arguments soutiennent l’hypothèse en faveur d’une inflation modérée. D’un point de vue technique, la composition des indices de prix est différente. L’IPP est composé principalement des prix des produits de base alors que l’IPC est construit en grande partie à partir des prix des produits alimentaires. Or, ces derniers sont restés quasiment au même niveau que l’année dernière après avoir connu une trajectoire baissière depuis octobre. Hors alimentation, l’inflation est faible, à seulement 0,9 % en mai. Ensuite, à la différence des pays développés, les programmes de soutien monétaire et budgétaire sont modestes, de sorte que la reprise de la demande interne est lente. Parallèlement, l’accumulation des surcapacités de production reste importante et contribue toujours au déséquilibre entre l’offre et la demande (cf. graphique 3). Enfin, la forte concurrence entre les entreprises manufacturières dans un contexte de faible consommation va inciter ces dernières à absorber la hausse des coûts de production afin de préserver leur part de marché et ce au détriment de leurs marges.
2/ Quelles sont les réactions envisageables des autorités ?
Dans ces conditions, il est peu probable d’envisager un resserrement imminent et significatif de la politique monétaire de la Banque Populaire de Chine (PoBC). Nous pensons que cette dernière va poursuivre sa stratégie fixée jusqu’à présent : piloter la décélération graduelle de la croissance du crédit pour freiner la remontée de l’endettement privé et assurer la stabilité financière. Le recours à l’arme de change est également peu envisageable. Si l’appréciation du yuan devait se poursuivre en raison du retour de confiance des investisseurs et de la remontée de l’excédent commercial du pays, la PoBC ne cherchera pas à amplifier le mouvement afin de préserver la part de marché de la Chine sur les marchés mondiaux, surtout dans une période où l’activité à l’exportation joue un rôle majeur dans la reprise. En revanche, nous pensons que Pékin continuera de solliciter le levier « administratif ». Depuis mai, les autorités ont annoncé des mesures visant à stabiliser les cours des matières premières et renforcer la surveillance du marché domestique (notamment les sanctions contre toute pratique monopolistique et constitution de réserves excessives). Pékin envisage également de mettre en place un système de « contrôle de prix » sur le marché du charbon et d’autres principales matières premières comme le minerai de fer, le cuivre, ou le maïs.
A plus long terme, si l’inflation venait à « déraper », Pékin n’hésitera pas à changer de cap et mettre en place des mesures drastiques nécessaires. Dans un contexte où la consommation est faible et où les inégalités s’accroissent, les autorités auront le cœur à préserver la croissance et la stabilité sociale. Les épisodes de grandes poussées inflationnistes et les conséquences sur le plan social (notamment le massacre sur la place de Tian’anmen en 1989) devraient inciter les autorités à maintenir leur aversion pour l’inflation.
DISCLAIMER
Ce document est conçu exclusivement à des fins d’information.
Groupama Asset Management et ses filiales déclinent toute responsabilité en cas d’altération, déformation ou falsification dont ce document pourrait faire l’objet.
Toute modification, utilisation ou diffusion non autorisée, en tout ou partie de quelque manière que ce soit est interdite.
Les informations contenues dans cette publication sont basées sur des sources que nous considérons fiables, mais nous ne garantissons pas qu’elles soient exactes, complètes, valides ou à propos.
Ce document a été établi sur la base d’informations, projections, estimations, anticipations et hypothèses qui comportent une part de jugement subjectif. Les analyses et conclusions sont l’expression d’une opinion indépendante, formée à partir des informations publiques disponibles à une date donnée et suivant l’application d’une méthodologie propre à Groupama AM. Compte tenu du caractère subjectif et indicatif de ces analyses, elles ne sauraient constituer un quelconque engagement ou garantie de Groupama AM ou un conseil en investissement personnalisé.
Ce support non contractuel ne constitue en aucun cas une recommandation, une sollicitation d’offre, ou une offre d’achat, de vente ou d’arbitrage, et ne doit en aucun cas être interprété comme tel.
Les équipes commerciales de Groupama Asset Management et ses filiales sont à votre disposition afin de vous permettre d’obtenir une recommandation personnalisée