29 mai 2017

Europe : Une reprise en main de son destin ?

Et si l'année 2017 marquait le point de départ d'un nouvel élan européen ? Face au révélateur du Brexit, quelques prémices en faveur d'un redémarrage de la construction européenne semblent se dessiner.

PEILLON Marie-Pierre
[Marie-Pierre Peillon, Directrice de la Recherche]
Et si l’année 2017 marquait le point de départ d’un nouvel élan européen ? Face au révélateur du Brexit, quelques prémices en faveur d’un redémarrage de la construction européenne semblent se dessiner.

 

Les secousses successives provoquées par le Brexit et l’élection de Donald Trump  ̶  qui   » challengent   » la place et la légitimité de l’Union Européenne sur la scène internationale  ̶  sont bien plus que les symptômes d’une construction européenne déficiente. Ces obstacles politiques font figure d’opportunités inédites pour une (re)construction européenne plus sociale et plus humaine, sur des fondements plus solides. la nouvelle dynamique du couple franco- allemand à la suite de l’élection d’Emmanuel Macron ne peut que renforcer cette perception.

 

 

Le projet d’unification a traversé les trois dernières décennies en s’éloignant des ambitions fondatrices.

L’Union Européenne s’est peu à peu éloignée des ambitions fondatrices de Jean Monnet, Robert Schuman et Konrad Adenauer : bâtir une Europe des Peuples, après le désastre de la Seconde Guerre mondiale. Mais le retour de la croissance  pendant les  » 30 glorieuses  » et l’émergence des politiques néo-libérales ont coupé le projet Européen de son dessein initiale. En 1993,  l’Union européenne centre ses objectifs sur la consolidation du marché intérieur et la construction de l’Union Economique et Monétaire, selon les principes de la mondialisation : la libre circulation des biens encourage les délocalisations, tandis que la libre circulation des hommes favorise l’immigration.

Ces évolutions s’illustrent particulièrement à travers les étapes de l’unification européenne.  L’élargissement  » accéléré  » à douze nouveaux pays entre 2004 et 2007, s’est heurté à l’hostilité croissante des opinions publiques, précisément sur ces thématiques de délocalisation et d’immigration : la fermeture des usines et l’arrivée massive des populations d’Europe de l’Est sur le marché du travail d’Europe de l’Ouest ont alimenté un sentiment de paupérisation et de perte d’identité des classes moyennes. L’amalgame entre construction européenne et mondialisation permis, entre autres, par le déficit d’image et de crédibilité de l’Union européenne, a sans doute été négligé par ses dirigeants.

 

Plaidoyer pour une autre Europe

Le diagnostic s’avère donc rude. Toutefois, le pronostic n’est pas sans espoir !

Si  des prémices en faveur d’un redémarrage de la construction européenne sont perceptibles depuis quelques années, elles restent centrées sur le prolongement de l’Union Monétaire : citons la mise en place du Semestre européen ou la création de l’Union Bancaire. Le rapport des cinq présidents de 2014 a jeté les bases des principales mesures nécessaires à l’achèvement de l’UEM d’ici à 2025 : accélérer l’intégration de la zone euro, notamment par l’union budgétaire. Mais il s’agit d’une approche très technocratique du projet européen.

Pour le relancer, deux conditions sont nécessaires : redéfinir une nouvelle vision de l’Europe et régler les grands dossiers du passé. Sur ce point, après les élections nationales des principaux pays, l’Europe devra gérer la question de certaines dettes publiques élevées, assainir les secteurs bancaires de quelques pays et reparler de la gestion des flux migratoires.

Le projet européen doit désormais se forger au plus proche des attentes des populations. Les questions économiques, financières et monétaires ne peuvent plus être exclusives des autres enjeux essentiels : la sécurité et la défense, face au terrorisme et à la complexité du contexte géopolitique,  le chômage structurellement élevé particulièrement chez les jeunes et enfin les transitions écologiques et numériques.

Nous avons perçu récemment des avancées qui nous conduisent à avoir une vision plus optimiste pour l’avenir de l’Europe.

  • le plan Juncker, lancé en 2015, est un programme d’investissement de 315 milliards d’euros pour financer les PME et les entreprises des secteurs d’avenir (énergies renouvelables, haut débit, numérique), un premier pas pour relancer l’investissement en Europe et l’orienter vers une croissance durable.
  • le Livre blanc de la Commission européenne proposé en mars examine les évolutions qui s’imposeront à l’Europe d’ici 2025 et propose différents scénarios aux dirigeants européens.
  • La déclaration des 60 ans du Traité de Rome, fait ressortir quatre objectifs : une Europe sécurisée, une Europe prospère et soucieuse du développement durable, une Europe sociale et une Europe plus forte sur la scène internationale.

Les résultats des élections hollandaise et française ont souligné la volonté des peuples à poursuivre le projet européen sur de nouvelles bases.

Oui, l’Europe est à un tournant de sa construction. Oui, l’Europe a son destin en main pour surmonter le Brexit et défendre sa raison d’être : sa cohésion et son unicité. Si  l’euroscepticisme s’est nourri de la dimension libérale de la construction européenne, il est temps de lui donner une nouvelle impulsion vers une croissance durable et responsable, vraies valeurs européennes.

 

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