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3 minutes 21 septembre 2023 Christophe Morel

Fed : la performance de l’économie américaine réclamera davantage de resserrements monétaires

Dès lors, nous n'avons aucune raison de changer notre cible de 6% sur les Fed Funds, et n'envisageons toujours pas de baisse des taux l'année prochaine. Par rapport à ce scénario central, le risque est à la hausse. Surtout, les marchés doivent se préparer à envisager une accélération du dégonflement du bilan (" QT ", quantitative tightening) qui peut constituer un compromis entre les " faucons " et les " colombes ".

Christophe Morel
[Christophe Morel, Chef économiste]
A l’issue du FOMC, la Fed a maintenu ses conditions monétaires inchangées avec une fourchette de 5.25%-5.50% sur les Fed Funds. Toutefois, la tonalité est unanimement « faucon » (hawkish) :

  • D’abord, la Fed a une vision clairement plus positive sur la croissance puisqu’elle a significativement révisé en hausse ses prévisions sur 2024-2025 avec des croissances désormais proches du « potentiel » de 1,8%. En conférence de presse, J. Powell a justifié la résilience de l’économie américaine par l’amélioration du bilan des ménages et des entreprises, et par un probable relèvement du taux neutre (ou taux d’équilibre) qui réduit alors le caractère restrictif de la politique monétaire. Assez normalement, la banque centrale a révisé significativement en baisse ses prévisions sur le taux de chômage qui resterait désormais  » collé  » à son estimation de long terme de 4%.
  • Ensuite, la Fed a révisé en baisse sa projection sur l’inflation sous-jacente pour cette année, mais elle a révisé à la hausse la prévision sur l’inflation PCE sous-jacente pour 2025 de 2.2 à 2.3% (cela correspond possiblement à l’impact décalé sur les loyers du récent rebond des prix de l’immobilier).
  • Enfin, la pause ne signifie pas le pivot/l’inflexion sur le taux directeur. Ainsi, une solide majorité prévoit toujours une autre hausse du taux directeur d’ici la fin de l’année. Par ailleurs, la Fed a fortement révisé l’enveloppe de baisses des taux en 2024, signalant ainsi que la barre est désormais plus haute avant d’envisager une baisse des taux.

L’intervention de J. Powell a suggéré que les risques étaient à la hausse sur la croissance, sur l’inflation et sur le taux neutre :

  • A l’aune de la mise en place de l’Inflation Reduction Act (qui dynamise l’investissement en infrastructures) et des premiers signes d’amélioration dans les enquêtes de conjoncture industrielle, nous pensons que la Fed pourrait être bientôt confrontée à la question de la réaccélération de la croissance américaine. Certes, les grèves dans l’industrie automobile et le « government shutdown » peuvent peser sur la croissance au T4-2023, mais cela sera le cas échéant récupéré sur la croissance du trimestre suivant.
  • J. Powell reconnaît que la Fed ne doit pas accorder trop d’importance aux mouvements de court terme sur les prix de l’énergie, suggérant ainsi qu’elle n’a pas encore intégré la récente hausse du prix du pétrole. En revanche, il admet que  la persistance de prix élevés de l’énergie est susceptible de réhausser les anticipations d’inflation. A cet égard, il convient de surveiller le prix du pétrole (qui pourrait encore remonter si la demande industrielle redémarre), le prix des matières premières industrielles et les indicateurs de prix du fret (tel que le Baltic, BDIY Index).
  • Sur le taux neutre, les estimations sont progressivement révisées à la hausse (7 banquiers centraux sur 18 le situent désormais au-dessus de 2,5%). Surtout, J. Powell a reconnu qu’il était très possible que le taux neutre soit plus élevé. La révision prochaine de à la hausse de l’estimation du taux neutre conduira probablement la Fed à ne plus envisager de baisses des taux directeurs en 2024.

Dès lors, nous n’avons aucune raison de changer notre cible de 6% sur les Fed Funds, et n’envisageons toujours pas de baisse des taux l’année prochaine. Par rapport à ce scénario central, le risque est à la hausse. Surtout, les marchés doivent se préparer à envisager une accélération du dégonflement du bilan (« QT », quantitative tightening) qui peut constituer un compromis entre les « faucons » et les « colombes ».

 

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