Flash – Coronavirus : la croissance mondiale en quarantaine ?
Après 18 mois de tensions, l'apaisement à l'issue de la signature de l'accord partiel entre la Chine et les Etats-Unis le 15 janvier aurait dû permettre à l'économie mondiale de souffler un peu.
C’était sans compter sur l’émergence d’un nouveau virus : le coronavirus.
L’épidémie a commencé en Chine en décembre 2019. Au-delà de l’épidémie et son degré de dangerosité, il est important pour nous de savoir quelles seront les conséquences sur l’économie mondiale en général et sur l’activité chinoise en particulier puisque celle-ci évolue déjà dans une phase de décélération.
Parallèle avec l’épidémie de SRAS en 2003
S’il est trop tôt pour quantifier l’impact du nouveau virus, la comparaison avec l’épidémie de SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) nous permet d’avoir quelques références. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), cette dernière avait affecté 29 pays et infecté 8273 personnes dont 774 morts entre le 1er novembre 2002 et le 31 juillet 2003. La Chine a été la plus touchée avec 5328 cas détectés et 349 morts.
Concernant le bilan économique, trois observations peuvent être faites :
- Les canaux de transmission : les répercussions de l’épidémie sur la croissance du PIB se sont opérées principalement à travers deux principaux canaux : 1) la baisse de l’activité du tourisme et 2) la perte de confiance des agents privés qui a entraîné in fine la baisse des dépenses de consommation et des investissements (privés et étrangers).
- L’ampleur du choc : l’effet négatif sur la croissance est disparate. Selon les estimations de la Banque Asiatique de Développement, il a été élevé à Hong Kong et dans les pays d’Asie du Sud-Est où le poids du secteur du tourisme et de la consommation dans le PIB est important en 2003. En revanche, le coût a été modéré en Chine (-0,5 point de PIB) et quasi nul sur le reste du monde, notamment aux Etats-Unis (-0,05 point de PIB).
- La durée du choc : l’impact économique de l’épidémie de SRAS a été transitoire. En chine, notamment, le pic du choc, observé dans le secteur du tourisme et les ventes au détail entre avril-mai 2003 et dans la croissance trimestrielle du PIB au 2e trimestre, a été complètement effacé au cours des mois suivants (cf. graphiques ci-dessous)
Un risque sur la croissance mondiale plus élevé aujourd’hui
Même si le virus reste, à ce stade, essentiellement circonscrit à la Chine, la croissance mondiale pourrait être davantage affectée que lors de la crise du SRAS. En effet, le poids de la Chine dans le PIB mondial a plus que doublé, à près de 20% en 2019 contre 8,8% en 2003.
Le pays est devenu le premier consommateur de la plupart des produits de base et le premier partenaire commercial de nombreux pays, notamment émergents. Si l’épidémie du coronavirus venait à s’accentuer, des répercussions conséquentes, à la baisse, sur la demande chinoise et sur les cours mondiaux du pétrole et des matières premières industrielles ne sont pas à exclure. Les pays exportateurs de matières premières et de biens d’équipement, principalement d’Asie, seront les grands perdants.
L’économie chinoise est elle-même plus vulnérable. En effet, sa structure a beaucoup évolué depuis 2003. En dix-sept ans, le poids du secteur des services a augmenté, passant de 31% du PIB à 54%. Le pays est également plus dépendant de la consommation des ménages (40% du PIB en 2019 contre 37% en 2003). Ainsi, l’impact de l’épidémie pourrait s’avérer plus conséquent, d’autant plus que le nouveau virus touche la Chine en plein Nouvel An Lunaire. Les secteurs du tourisme, des transports, des divertissements et des ventes au détail devraient donc être affectés par les annulations de déplacements du Nouvel An et par les mesures drastiques mises en place pour éviter les rassemblements publics.
Au total, le coronavirus pourrait avoir un impact économique plus fort. La croissance chinoise pourrait descendre en-dessous du seuil psychologique de 6% dès le 1er trimestre 2020. En revanche, l’impact sera de courte durée en raison de la réactivité plus rapide cette fois des autorités.
L’émergence du nouveau coronavirus alimente les incertitudes et va peser sur la croissance mondiale. Le risque est plus élevé que lors de la crise du SRAS en raison du poids de la Chine dans l’économie mondiale aujourd’hui. En revanche, l’impact négatif est susceptible d’être transitoire à l’image du rattrapage observé au cours de la période post-épidémie en 2003.
Quels impacts sur les marchés et dans les portefeuilles ?
Sur le mois de janvier, l’indice CSI 300 (indice boursier de la bourse de Shangai et Shenzhen composé de 300 des principales capitalisations boursières du pays) affiche un repli de -2,3%, avec une fermeture du 24 au 31 janvier pendant les fêtes du Nouvel An Lunaire. Lundi 3 février, pour la première séance après les congés du Nouvel An Lunaire, les marchés d’actions chinois se sont largement contractés. La bourse de Shangai a ainsi clôturé en baisse de près de -8% sur la seule journée de lundi.
Côté Européen, les indices reculent sur le mois : -1,16% pour l’indice européen Stoxx 600, -2,9% pour le CAC 40 et -2% pour le DAX (performances du 31/12/2019 au 31/01/2020, source : Bloomberg). Dans le détail, ce sont principalement les titres du secteur de l’énergie (-7,2%1), des matériaux de base (-5,03%1), de la consommation discrétionnaire (-4,14%1), notamment luxe et automobile qui ont été les plus sévèrement touchés. Les secteurs de services aux collectivités (+8,57%1), l’immobilier (+1,75%1) ou encore la santé (+1,83%1) ont en revanche mieux résisté.
Les valeurs américaines ont montré plus de résistance à ce stade et le S&P 500 termine le mois en léger repli à -0,2%.
A ce stade, il n’y a pas eu de changement dans les positionnements de nos portefeuilles hormis quelques prises de positions tactiques.
Si nous constatons effectivement une plus grande volatilité sur les marchés d’actions mondiaux en raison des craintes de propagation du virus, nous ne voyons pas, d’un point de vue plus fondamental, d’impacts à long-terme du virus.
Le renforcement des mesures sanitaires par le gouvernement chinois (blocage des importations/exportations, etc.), pourrait bien évidemment avoir des effets sur certaines entreprises et affecter certains secteurs. Toutefois, nous considérons qu’il s’agirait plutôt d’un effet » ponctuel » avec un rattrapage potentiel par la suite.
A ce stade, face à des marchés qui affichaient en fin d’année des niveaux de valorisation élevés, une forte baisse des cours de certaines de nos principales convictions et un écartement conséquent des primes des obligations privées pourrait nous conduire à renforcer tactiquement plusieurs de nos expositions ou saisir des opportunités.
1 – Performances des secteurs de l’indice européen Stoxx 600 du 31/12/2019 au 31/01/2020. Source Bloomberg – Groupama AM
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