12 octobre 2016

Focus Macro : Où en est le cycle d’investissement dans le monde ?

Par Thuy Van Pham, Economiste Marchés émergents de Groupama AM

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Pour répondre à cette question, nous avons observé la trajectoire du stock de capital physique (infrastructures, résidentiel et productif) d’un pays au regard de sa trajectoire potentielle au cours de la période récente. Si le stock de capital est supérieur à son potentiel, c’est-à-dire si le  » capital-gap  » est positif, le pays est en sur-accumulation de capital ou en avance d’investissement. Dans le cas contraire, si le  » capital gap  » est négatif, le pays est en sous-accumulation de capital ou en retard d’investissement.

De l’ensemble des résultats obtenus pour les principaux pays industrialisés et émergents, nous avons retenu les faits suivants :

  • Il n’y a pas de sur-accumulation de capital dans les pays développés. Si le stock de capital s’établit quasiment au niveau de son potentiel aux Etats-Unis en 2015, ce n’est pas le cas au Japon et surtout dans les grands pays de la zone euro. En Allemagne, en France et en particulier en Espagne et en Italie, de grands retards d’investissement ont été constatés (cf. graphique 1). Cette situation traduit bien les besoins élevés d’investissement en Europe, notamment dans les infrastructures, et qui sont mises en évidence par la Commission européenne. A ce titre, l’institution a d’ailleurs mis en place, fin 2014, le Plan d’Investissement pour l’Europe (Plan Juncker) sur trois ans (2015-2017) dont 116 milliards d’euros étaient approuvés à juillet 2016 ;
  • Dans les pays émergents, le constat est plutôt à la sur-accumulation, notamment au Brésil et en Chine. En Chine, la mise en place du plan massif de relance entre 2009-2010 a eu pour conséquence une avance d’investissement depuis 2013. Le phénomène de sur-accumulation de capital est toutefois très localisé, principalement dans les industries lourdes. Le taux d’utilisation des capacités de production a, en effet, augmenté dans les secteurs de l’acier, du ciment, de l’aluminium, etc. En revanche, au regard des niveaux des pays développés l’intensité du capital en Chine est encore très faible. Les besoins d’investissement, notamment dans les infrastructures (routes, chemins de fer, télécommunications par exemple) sont encore élevés (cf. graphique 2).

Au final, les retards d’investissement observés essentiellement dans les pays industrialisés suggèrent deux éléments. D’un côté, la moindre accumulation du capital pèserait sur les gains de productivité et par conséquent sur la croissance potentielle. De l’autre côté, ces besoins d’investissement constitueront un soutien conjoncturel non négligeable. Ils permettraient de limiter le risque de récession à court et moyen terme. 

Focus macro 12102016

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