28 août 2018

J. Powell s’inspire d’A. Greenspan

Dans son intervention à la conférence de Jackson Hole, J. Powell s'est davantage dévoilé. En effet, il indique ne pas avoir une grande confiance dans les estimations de grandeurs telle que la croissance potentielle, le taux de chômage d'équilibre et le taux neutre. Retrouvez l'analyse de Christophe Morel, Chef économiste de Groupama AM.

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[Christophe Morel, Chef Economiste chez Groupama AM
Dans son intervention à la conférence de Jackson Hole, J. Powell s’est davantage dévoilé. En effet, il indique ne pas avoir une grande confiance dans les estimations de grandeurs telle que la croissance potentielle, le taux de chômage d’équilibre et le taux neutre. Il considère que ces estimations sont volatiles, souvent révisées, donc très imprécises. Surtout, il en conclut que des décisions de politique monétaire qui reposeraient sur ces estimations pourraient conduire à des erreurs stratégiques de politique monétaire. Il cite l’exemple des années 60 et 70 avec une estimation du taux de chômage d’équilibre qui s’est avérée ex post trop basse (à la fin des années 60, le taux de chômage d’équilibre était alors estimé à 4% alors qu’aujourd’hui, on considère qu’il se situait plutôt à près de 6%). Cela a conduit les banquiers centraux de l’époque à sous-estimer le resserrement sur le marché du travail, à déterminer des conditions monétaires trop accommodantes et ce faisant, à soutenir le mouvement inflationniste. Sa conclusion est sans appel puisqu’il considère qu’à l’époque, les banquiers centraux ont accordé trop d’importance à une mesure imprécise du taux de chômage d’équilibre et au contraire, n’ont pas suffisamment pondéré des données plus pertinentes comme les anticipations d’inflation.

 


Cette analyse lui permet de formuler ses crédos de conduite de la politique monétaire. D’abord, il  n’est pas du tout favorable à une règle quantitative de politique monétaire (type Taylor) qui repose fortement sur les estimations de taux de chômage d’équilibre et de taux neutre. En revanche, il est très favorable à l’approche pragmatique de risk management énoncée par A. Greenspan. Plus encore, il est soutient le mantra  » let’s wait one more meeting« , à savoir qu’il vaut mieux attendre  » pour voir  » que de faire une erreur stratégique de politique monétaire. Il reprend même la conclusion d’une recherche académique de W. Brainard (1963) à savoir que lorsqu’un banquier central est confronté à des incertitudes, il convient d’être conservateur ( » quand on est incertain sur l’effet d’un médicament, il vaut mieux commencer par de petites doses « ). Il cite seulement deux exceptions : une crise financière (qui doit conduire à un fort assouplissement) et une hausse des anticipations d’inflation (qui suppose d’accélérer le resserrement).


Ce discours nous permet d’en conclure plusieurs points structurants sur la manière dont J. Powell peut conduire la politique monétaire :

  • A court terme, son diagnostic sur l’économie américaine reste très positif validant une hausse des Fed Funds en septembre et en décembre.
  • En se référant explicitement à A. Greenspan, il assume une gouvernance qui sera parfois  » solitaire  » et  » contrariante « . Il compare explicitement la situation actuelle avec celle de la deuxième moitié des années 90, à savoir une croissance forte, un taux de chômage en baisse et pourtant, une politique monétaire stable.
  • En cas de baisse sensible des marchés actions, il n’hésitera pas à assouplir fortement les conditions monétaires.
  •  Tant que les anticipations d’inflation restent stables, J. Powell n’accélérera pas le resserrement monétaire même si l’inflation remonte. Il considère même que l’inflation n’est pas un indicateur pertinent du risque inflationniste. Ce discours incite donc à fortement pondérer les évolutions des mesures d’anticipation d’inflation.

 

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