Japon : croissance surprise mais trompeuse de l’économie au premier trimestre 2019
Par Thuy Van Pham, Economiste Japon.
Au Japon, l’économie a connu une expansion au premier trimestre 2019. Selon les premières estimations du Cabinet Office, le PIB en volume a progressé de 2,1 % sur un trimestre annualisé après une hausse révisée de 1,6 % au dernier trimestre 2018.
La performance constitue une surprise. Nous avions anticipé en effet une contraction de 0,3 % en rythme annualisé. Pour autant, nous maintenons notre scénario pointant une économie qui continue de croître mais à un rythme faible (0,8 % en 2019 et 0,5 % en 2020) pour trois raisons :
- Premièrement, le Cabinet Office est accoutumé à corriger souvent et fortement ses premières estimations des comptes trimestriels, de sorte qu’une révision à la baisse est probable dans les prochaines semaines ;
- Deuxièmement, les éléments expliquant la croissance du 1er trimestre ne sont pas rassurants : 1/ une contribution des échanges extérieurs nets à la croissance redevenue positive uniquement grâce à une contraction des importations plus forte que celle des exportations ; 2/ une croissance de l’investissement uniquement grâce à la progression des dépenses publiques en infrastructure ; 3/ une accélération des stocks en vue des dépenses de consommation avant la hausse de la TVA ;
- Surtout, les principales composantes de la croissance se sont contractées. La consommation des ménages (près de 60 % du PIB) ont baissé par rapport au dernier trimestre 2018 en l’absence de hausses significatives des salaires, tout comme la consommation publique et l’investissement en biens productifs. Touchées par la faiblesse du commerce mondial, les exportations en volume de leur côté se sont vivement contractées : -9,4 % en glissement trimestriel annualisé.
Au total, l’économie nippone est fondamentalement dans une phase d’affaiblissement. A court terme, elle reste soumise à plusieurs risques baissiers. Ceux-ci ne se sont pas pleinement manifestés (incertitudes liées au commerce mondial) ou sont encore à venir (comme le choc de la deuxième hausse de la TVA de 8 % à 10 % prévue en octobre prochain). Le risque de récession technique est donc élevé au tournant de l’année, de sorte que, parallèlement au maintien du dispositif monétaire ultra accommodant de la BoJ, la possibilité d’un nouveau report (après celle prévue en avril 2017) de la hausse de la TVA a été évoquée. Selon les derniers sondages, près de 60% des sondés s’opposent à cette hausse de la TVA. Officiellement, le gouvernement a réaffirmé ce jour sa volonté de relever la taxe comme prévu. Nous pensons que Shinzo Abe attendra les résultats des enquêtes Tankan du deuxième trimestre qui seront publiées par la BoJ début juillet afin de prendre une décision. Rappelons que la mise en place de la première hausse de la TVA de 5 % à 8 % avait déclenché une forte contraction de l’économie il y a tout juste cinq ans.
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