17 novembre 2020

La détérioration sanitaire aux États-Unis augmente la probabilité d’une réponse de politique économique

La rapide détérioration sanitaire pourrait renforcer le consensus entre démocrates et républicains, avancer la date et augmenter l'enveloppe.

Christophe Morel
[Christophe Morel, Chef Economiste]
Les États-Unis affrontent actuellement une hausse très importante du nombre de contaminations au Covid-19 (graphique 1), et cette détérioration est diffusée géographiquement (le R0, le taux de transmission du virus, est supérieur à 1 dans la presque totalité des États). Cette augmentation des cas n’est pas seulement le fait de la hausse des tests (il y a actuellement 1,6 million de tests par jour, soit plus de deux fois supérieur à cet été) puisque le taux de positivité augmente (il est de 10% contre 5% cet été) et le R0 est globalement en hausse à 1,1 (graphique 2).

 

 

Covid 2019 : nouveaux cas confirmés (Etats-Unis MM7)

Estimated Effective Reproductive Number (Rt)

Plusieurs États ont annoncé des mesures de restriction sanitaire (Nouveau Mexique, Oregon, Illinois, …), mais elles sont peu contraignantes. Dans l’ensemble, ces mesures sont pour le moment moins sévères qu’à l’été ou qu’au printemps au regard de l’indicateur de confinement de Oxford-Blavatnik et de l’indice de mobilité extrait de Google Trend (graphique 3). Cependant, avec la rapide détérioration sanitaire, ces mesures de restriction devraient quand même se renforcer dans les prochaines semaines. Même si la nouvelle administration américaine souhaite lutter contre la propagation du virus, les marges de manœuvre sont faibles et restent à la discrétion des États. Tout au plus, l’administration Biden travaillera avec les gouvernements locaux pour inciter, par exemple, au port du masque.

Etats-Unis : confinement et mobilité

Avec des mesures supplémentaires de restriction sanitaire, l’offre des entreprises sera impactée, mais le taux d’activité ne devrait pas s’effondrer. En revanche, l’incertitude porte davantage sur la réaction des ménages : jusqu’à présent, la consommation a remarquablement résisté puisqu’elle a dépassé le niveau d’avant-crise (graphique 4), notamment grâce à la forte hausse des ventes en e-commerce (graphique 5).  Les sondages révèlent des ménages moins anxieux qu’au printemps, si bien que la consommation ne devrait pas « craquer », soutenue par un taux d’épargne qui reste trop élevé par rapport à la situation sur le marché de l’emploi (le taux d’épargne s’établit actuellement à 14% alors qu’il « devrait » plutôt être à 11% avec un taux de chômage à 7%, graphique 6). La perspective d’un vaccin constitue certainement un élément rassurant pour les ménages.

Etats-Unis : indice des ventes au détail en termes réels (ventes au détail déflatées par les prix, MM3)

Etats-Unis : proposition des ventes au détail en e-commerce

Etats-Unis : modélisation du taux d'épargne des ménages

Les risques baissiers devraient être compensés par des risques haussiers, puisque la détérioration sanitaire augmente la probabilité d’une réponse de politique économique :

Du côté de la politique monétaire, J. Powell a reconnu lors de la conférence de presse consécutive au dernier FOMC, que les perspectives étaient « extrêmement incertaines » et que la « récente hausse des nouveaux cas de Covid-19 à la fois aux États-Unis et à l’étranger étaient particulièrement inquiétante ». Cette rhétorique nous avait conduit à conclure que si la situation sanitaire aux États-Unis devait se dégrader, la Fed assouplirait davantage sa politique monétaire. Avec la récente accélération du nombre de cas, une décision d’assouplissement monétaire augmente en probabilité dès le prochain FOMC du 16 décembre. J. Powell a annoncé que la Fed allait désormais publier deux nouveaux graphiques lors de la mise à jour de ses prévisions de croissance et d’inflation reflétant la perception des banquiers centraux sur les risques et les incertitudes. Une représentation graphique confirmant la hausse des incertitudes au sein du panel de la Fed peut tout à fait constituer un prétexte pour assouplir encore la politique d’achats d’actifs. Une hausse du rythme des achats (actuellement à 70 mds USD/mois, graphique 3) et/ou un allongement de la duration semblent les deux options les plus probables.

S’agissant de la politique budgétaire, le scénario le plus probable est que le plan supplémentaire soit voté plutôt en janvier, sur une enveloppe basse de 1 trillion USD. Toutefois, la rapide détérioration sanitaire pourrait renforcer le consensus entre démocrates et républicains, avancer la date et augmenter l’enveloppe.

 

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