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24 septembre 2021

La Fed n’a pas d’autre choix que de considérer l’inflation comme « transitoire »

Notre propre indicateur composite des anticipations d'inflation construit à partir des points-morts et des données d'enquête indique effectivement une forte hausse de ces anticipations d'inflation à l'été qui atteindraient 2.10-2.15%

Christophe Morel
[Christophe Morel, Chef Economiste]
A ce stade, l’essentiel des ajustements de la Fed dans ses prévisions de croissance et d’inflation concerne le court terme. En raison de la remontée des cas de Covid, les banquiers centraux américains ont abaissé leur prévision de croissance 2021 d’un point et ont réhaussé leur projection sur le taux de chômage à fin d’année à 4.8%. Par ailleurs, la Fed reconnaît que les goulets d’étranglement sont plus importants que prévu, la conduisant à relever significativement son anticipation d’inflation PCE 2021 de 3.4% à 4.2% (et de 3.0% à 3.7% pour l’inflation PCE sous-jacente). Sur la politique monétaire, sans surprise, la Fed confirme son intention d’annoncer le « tapering » (ralentissement des achats d’actifs) lors du prochain FOMC de novembre. Sur le rythme de ce tapering, sa première intention est plus restrictive que notre scénario puisque les banquiers centraux envisagent d’achever ce processus mi-2022 alors que nous affichons une finalisation à l’automne.

Sur le moyen terme, la Fed a modifié son scénario marginalement. Certes, la prévision moyenne de l’inflation sous-jacente est passée de 2.1% à 2.3% pour 2022, et de 2.1% à 2.2% pour 2023.

Cependant, les banquiers centraux ne sont pas hétérodoxes : seuls trois d’entre eux anticipent une inflation comprise entre 2.5% et 2.8% en 2022, et surtout, aucun des banquiers centraux n’envisagent une inflation supérieure à 2.3% en 2023. Cette approche des « petits pas » dans les ajustements des prévisions permet de contenir l’éventuelle volatilité sur les marchés financiers. Au regard de notre scénario d’inflation plus agressif que celui de la Fed (3.3% en 2022 et 3.0% en 2023 sur le CPI), cela signifie que la banque centrale continuera de procéder régulièrement à des ajustements dans ses prévisions.

Même si J. Powell a régulièrement essayé de convaincre que la politique monétaire conventionnelle était indépendante de la politique monétaire non conventionnelle, les anticipations des banquiers centraux américains le contredisent. Désormais, la moitié d’entre eux envisage un relèvement des Fed Funds dès 2022, et ce très probablement pour la fin d’année, donc après la finalisation du tapering. Ensuite, le scénario médian de la Fed comporte 3 hausses en 2023. Pour notre part, nous pensons que la stratégie monétaire de la Fed se résume en deux points :

  • Après le tapering, la Fed devrait privilégier la remontée du taux directeur au dégonflement du bilan. En priorisant des taux longs bas, elle permet ainsi aux autorités budgétaires de maintenir une politique expansive. Dit autrement, la politique monétaire privilégie un coût bas d’endettement des États, moteur de l’investissement, au faible coût du capital des entreprises
  • La Fed ajustera sa politique monétaire aussi tôt que possible pour que la trajectoire soit la plus progressive possible (graphique 1).

Deux sujets restent particulièrement sensibles pour la Fed :

  • Dans sa conférence de presse, J. Powell a rappelé que les « anticipations d’inflation étaient extrêmement importantes (…) et qu’une réaction serait nécessaire si ces anticipations se situaient dans une zone d’inconfort ». Or notre mesure agrégée des anticipations d’inflation s’est encore tendue en raison du relèvement des anticipations d’inflation des prévisionnistes et des ménages (graphique 2). Si elles se tendent davantage, les anticipations d’inflation vont devenir un « problème » pour la Fed. En fait, la Fed ne pourra pas devenir subitement agressive dans son resserrement monétaire sauf à générer de la volatilité sur les marchés financiers. Elle a donc vocation à faire des contorsions entre la théorie et la pratique.
  • Enfin, il y a un sujet politiquement sensible pour la Fed et pour J. Powell, à savoir les plus-values boursières qu’ont manifestement engrangé plusieurs banquiers centraux avec la hausse des actions. Ce sujet ne doit pas être minoré alors que se profile la question du renouvellement du mandat du gouverneur de la Fed qui doit s’achever en février 2022.

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