Les banques centrales sont toujours crédibles
Nous sommes convaincus que les banques centrales feront tout pour maintenir leur crédibilité. Ainsi, elles sont et resteront le principal baromètre des investisseurs, alors "Don't fight central banks".
Dans notre précédent travail sur la crédibilité des banques centrales, nous nous étions concentré sur les facteurs de cette crédibilité en montrant que les deux principaux déterminants sont le track-record (c’est-à-dire la réussite par le passé des objectifs) et l’indépendance. S’agissant de l’indépendance, notre analyse montrait que les banques centrales dans le monde subissaient de plus en plus de pressions politiques (graphique 1) et que ces pressions étaient davantage le fait de gouvernements d’extrême gauche ou nationalistes.
Cette observation a pour corollaire que si la tendance à l’essor de gouvernements populistes se poursuit, l’indépendance politique des banques centrales dans le monde sera de plus en plus questionnée. Pour autant, notre analyse concluait que les banques centrales dans les pays développés restent pour le moment pleinement indépendantes politiquement parce qu’elles sont protégées par les institutions. En revanche, la problématique d’indépendance se situe surtout vis-à-vis des marchés financiers, singulièrement pour la Fed et ce pour 3 raisons : i) la Fed subit des pressions « indirectes » via la guerre commerciale et les marchés obligataires ; ii) l’économie américaine est de plus en plus vulnérable à l’effet-richesse négatif, ce qui incite la Fed à soutenir les marchés d’actions ; enfin et surtout iii) en intégrant la stabilité financière dans sa fonction de réaction, la Fed est de facto plus dépendante des marchés financiers.
Nous avons souhaité pouvoir mesurer cette crédibilité. Nous avons donc construit un indice de crédibilité pour la Fed et pour la BCE (en nous appuyant sur la méthodologie de Demertzis & al (2012)1). Il s’agit d’un indice compris entre 0 et 1, 1 correspond à une crédibilité totale et le seuil limite de crédibilité est fixé à 0,9. Cet indice repose sur l’hypothèse qu’une banque centrale perd en crédibilité lorsque la formation des anticipations d’inflation à long terme dépend de plus en plus des chiffres d’inflation courants ; en effet, les publications courantes d’inflation ne devraient pas avoir en principe d’influence sur les anticipations d’inflation à très long terme ; si c’est le cas, cela constitue un signal de « désancrage » des anticipations d’inflation, et ce faisant de baisse de crédibilité de la banque centrale. En pratique, nous avons travaillé à partir des anticipations d’inflation à 5-10 ans formulées par les prévisionnistes parce qu’elles ne sont pas biaisées comme les points-morts d’inflation par des problématiques de liquidité et d’aversion au risque.
- Ayant plus de recul historique sur les données américaines, notre indicateur de crédibilité de la Fed retrace bien les 4 grandes périodes monétaires de l’après-guerre, à savoir la période de forte inflation sous la présidence de A. Burns, la période « Volker » et la lutte anti-inflationniste (1979-1987), la « grande modération » correspondant à la présidence d’A. Greenspan, et enfin, la période depuis 2007 avec les mandats de B. Bernanke, J. Yellen et J. Powell.
- Aux États-Unis comme en Zone euro, les banques centrales restent crédibles puisque les indices sont au-dessus du seuil limite. En revanche, ces crédibilités se sont tout de même légèrement effritées depuis 2007 (graphiques 2 & 3).
Au final, les banques centrales n’échappent pas à la crise de confiance institutionnelle (graphique 4).
Le débat sur les « crypto-monnaies » illustre d’ailleurs cette défiance vis-à-vis du système financier « traditionnel » auquel appartiennent les banques centrales. Cependant, notre analyse montre que ces banques centrales restent crédibles même si cette crédibilité s’est effritée depuis la crise économique et financière. Nous sommes convaincus que les banques centrales feront tout pour maintenir leur crédibilité. Ainsi, elles sont et resteront le principal baromètre des investisseurs, alors « Don’t fight central banks ».
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