2 octobre 2018

Pays émergents : de nouvelles turbulences sur les marchés sont probables à court terme

Depuis deux semaines, le calme semble être de retour sur les marchés émergents. Ce regain de confiance pose inévitablement la question : la période de turbulence dans les économies émergentes (EMs) est-elle terminée ou risque-t-on de nouvelles tensions dans les semaines et mois à venir ?

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[Thuy Van PHAM, Economiste]
Nous pensons qu’il existe de la marge pour de nouvelles tensions dans les EMs à court terme. Plusieurs risques persistent en effet et vont entretenir la volatilité des marchés. Nous distinguons deux catégories (tableau ci-dessous) :

1/ Les risques externes : qui comprennent en premier lieu la poursuite du resserrement de la politique monétaire aux Etats-Unis. Celle-ci aura pour effets premiers l’appréciation supplémentaire du dollar et le renchérissement du coût de refinancement défavorables pour les EMs assorties de grands déséquilibres. Outre la Fed, les nouvelles menaces protectionnistes de M. Trump, notamment vis-à-vis de la Chine et, par conséquent, la question du ralentissement de l’économie chinoise vont probablement resurgir et peser sur les actifs et l’activité réelle des EMs ;

 

2/ Les risques domestiques : au-delà du risque de ralentissement économique généralisé, les prochains évènements spécifiques propres à chaque EM risquent également de faire resurgir les tensions. Notamment :

  • Au Brésil : le mois d’octobre sera marqué par les élections générales prévues les 7 et 21. Les incertitudes sont élevées concernant à la fois le nom du prochain président mais également son programme économique capable de redresser la croissance du pays et assainir ses finances publiques. Le seul candidat favori et favorable à la réduction des dépenses publiques (via des privatisations y compris de sociétés pétrolières) est le candidat d’extrême droite M. Bolsorano ;

 

  • En Turquie : le risque de voir la banque centrale « behind the curve » est élevé. Malgré le relèvement du taux d’intérêt directeur de 625 points de base à 24 % en septembre, la banque centrale peine à restaurer sa crédibilité. Celle-ci sera testée de nouveau dans les mois à venir avec un président omniprésent et toujours favorable à l’expansion rapide du crédit, surtout à l’approche des élections municipales prévues en janvier 2019 ;

 

  • En Russie : de nouvelles sanctions économiques des Etats-Unis en lien avec l’affaire de l’empoisonnement d’un ex agent russe au Royaume-Uni (après celles introduites le 22 août dernier) sont déjà à l’étude. Elles pourraient être appliquées d’ici la fin d’année et déstabiliseront à nouveau le rouble ;

 

  • En Afrique du Sud : alors que le risque de récession est manifeste, l’accélération des réformes agraires pourrait amplifier les sorties de capitaux des investisseurs inquiets de l’atteinte au droit de propriété. En effet, ces réformes autoriseront l’expropriation sans compensation et la redistribution des terres majoritairement contrôlées par les fermiers blancs au profit de la majorité noire et pauvre du pays.

 

Au total, nous pensons que la période de turbulence n’est pas terminée. La question sera alors de savoir :

  • Comment cela va affecter les EMs ? Nous pensons que les conséquences, financières et économiques, seront disparates. Pour rappel, l’épicentre de tensions cet été s’est limité à la Turquie et l’Argentine avec les effets de contagions dans les pays « fragiles » assortis de déséquilibres structurels importants (Brésil, Afrique du Sud ou Russie). Les devises pays asiatiques assortis d’excédents courants (Chine, Corée du Sud, Malaisie) ont été plus résilientes face aux nouvelles vagues de méfiance. Au niveau conjoncturel parallèlement, les pays « fragiles » semblent plus touchés au regard des récentes enquêtes de conjoncture. Dans les autres pays en revanche, l’expansion de l’économie s’est poursuivie bien qu’à des rythmes plus modérés (cf. notre mail publié 1er octobre 2018).

 

  • Quel sera l’impact sur le reste du monde ? Si l’aversion au risque pourrait se propager au-delà de la sphère EMs, nous pensons que les répercussions sur la croissance et les marchés mondiaux seront limités. Pour rappel, lors de la crise émergente de 2013 ou la crise asiatique en 1997, la croissance et les marchés des pays développés n’ont que très peu agi face aux mouvements de dépréciation de grande ampleur des devises (notamment asiatiques en 1997-1998).

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