18 mars 2021

Pays émergents : le découplage entre l’Asie et les autres régions s’accentue

Disparate car certaines régions vont profiter plus que d'autres du dynamisme de la demande mondiale (de biens manufacturés ou médicaux) et/ou disposent davantage de marges de manœuvre, à la fois en termes de politiques de soutien à l'économie ou en termes de vulnérabilité. En ce sens, l'univers "émergents" sera marqué par le découplage entre l'Asie et les autres.

Thuy Van Pham
[Thuy Van Pham, Economiste]
Le redressement des économies émergentes (EMs) se poursuit en février 2021. L’indice PMI du secteur manufacturier est resté relativement stable sur un niveau élevé supérieur à 50 (cf. graphique 1). L’évolution est toutefois disparate. Pour quelques pays (Taiwan, Hong Kong, Corée du Sud, Pologne, Russie, Afrique du Sud), les indices se sont améliorés. Pour d’autres (Chine, Turquie, République tchèque), ils se sont dégradés mais restent au-dessus de la ligne d’expansion. Le Mexique et la Hongrie affichent, quant à eux, un indice suggérant une récession industrielle.

Pays émergents* : PMI manufacturier

Pays émergents : exportations en volume (indice, 100= décembre 2019)

Les EMs continuent de bénéficier d’une conjonction d’éléments favorables à la poursuite de la reprise. Les échanges extérieurs restent le premier moteur de la croissance, notamment en Asie grâce à la forte demande des pays développés et de la Chine (cf. graphique 2). La situation est plus fragile dans les pays d’Amérique latine et d’Europe centrale et orientale où le rattrapage des exportations n’est pas achevé. Ces deux régions profitent toutefois de leur côté des politiques monétaires ultra accommodantes, d’une part, et de la poursuite du redressement des prix des matières premières, d’autre part, pour relancer l’investissement.

Ces développements sont en ligne avec notre scénario de croissance pour 2021-2022. Certes, le rebond plus fort qu’attendu observé au cours de la seconde partie de l’année 2020 devrait permettre aux pays émergents de retrouver plus rapidement (soit de 2 à 3 trimestres) leur niveau d’activité d’avant-crise. Néanmoins, en termes de dynamique, la reprise restera lente et disparate :

1/ Lente parce que la crise sanitaire et économique survenue en 2020 laisse des traces. De nouvelles incertitudes ont en effet émergé et vont limiter le potentiel de rebond de l’ensemble des EMs :

  • La lenteur de la campagne de vaccination : les contraintes logistiques et la taille des populations suggèrent une campagne de vaccination déséquilibrée entre les pays. A ce jour, le nombre de doses administrées dans les EMs reste faible (cf. graphique 3), de sorte que le rééquilibrage de la reprise vers la consommation des services risque de prendre plus de retard. Les pays dépendants du secteur des services tels que le Brésil, l’Afrique du Sud, le Mexique, la Turquie ou encore l’Inde seront les plus exposés ;
  • La fin des mesures de soutien à l’activité : contrairement aux pays développés, le soutien « quoi qu’il en coûte » à l’activité n’existe pas dans les EMs. Déjà moins fortes en termes d’ampleur, l’ensemble des mesures de relance mises en place pour lutter contre la crise sanitaire ont pris fin en décembre 2020 ;
  • Le retour des risques sociaux et financiers : les conséquences de la crise apparaissent comme des nouveaux risques dans les pays fragiles telles que la remontée des inégalités et de la pauvreté sources de troubles sociaux et instabilité politique, la hausse de la vulnérabilité financière (retour de l’inflation, dégradation des comptes public, hausse de l’endettement) à l’origine des divergences de politique monétaire et d’instabilité sur les marchés de capitaux.

 

2/ Disparate car certaines régions vont profiter plus que d’autres du dynamisme de la demande mondiale (de biens manufacturés ou médicaux) et/ou disposent davantage de marges de manœuvre, à la fois en termes de politiques de soutien à l’économie ou en termes de vulnérabilité. En ce sens, l’univers « émergents » sera marqué par le découplage entre l’Asie et les autres (cf. graphique 4). La Chine et l’Inde par exemple enregistreront une croissance forte (8,2 % et 9,2 % respectivement). Le rebond sera moindre au Brésil et en Russie (3,3 % et 2,9 % respectivement) dans la mesure où l’économie sera confrontée à des risques spécifiques bridant la reprise de la demande (fin des mesures de relance, retour de l’inflation, changement de cap monétaire ou incertitudes politiques et sociales liées aux élections législatives en septembre 2021 en Russie et aux élections législatives et présidentielles au Brésil en 2022).

Pays émergents : nombre de doses administrées pour 100 habitants (au 15 mars 2021)

Pays émergents : projections de croissance du PIB (en %)

 

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