Pays émergents : les tensions inflationnistes vont persister en Amérique latine et en Europe centrale et orientale
La poursuite du relèvement des taux d'intérêt en AmLat et dans les PECO aura enfin pour conséquence le creusement du découplage monétaire avec l'Asie. Dans cette région, la politique monétaire restera accommodante.
Les tensions inflationnistes vont persister encore quelques temps dans ces régions. Au moins trois éléments justifient ce diagnostic. Premièrement, la hausse des prix des produits alimentaires ne va pas se modérer rapidement et significativement. Les coûts du travail, de transport et de fret devraient continuer de faire pression sur ces derniers alors que le Brésil doit faire face à une grave sécheresse et que la demande en provenance notamment de Chine restera élevé. Depuis le début de l’année, ils ont progressé de 27 % en moyenne (31 % en juin, cf. graphique 3). Deuxièmement, la dégradation de la situation sanitaire en Asie va accentuer les difficultés d’approvisionnement et le renchérissement des coûts de production. Enfin, plusieurs risques spécifiques vont entretenir les pressions inflationnistes : i/ la poursuite de la hausse des salaires liée aux pénuries de main d’œuvre qualifiée en Europe centrale ; ii/ le risque de sorties de capitaux, et donc de dépréciation des devises, dans les pays fragiles associé aux vulnérabilités financières telles que les taux d’intérêt réels négatifs (cf. graphique 4) ou l’endettement externe élevé ; et iii/ le risque politique et social en AmLat avec les protestations de grande ampleur qui se propagent dans la région alors que les échéances électorales approchent dans plusieurs pays (Argentine, Chili à l’automne 2021, Brésil en octobre 2022).
Dans ce contexte, les banques centrales des pays concernés n’auront pas d’autres choix que de poursuivre le cycle de durcissement monétaire. Certaines comme les banques centrales du Brésil et de la Hongrie ont d’ores et déjà clairement annoncé de nouvelles hausses des taux directeurs tant que l’inflation ne revienne pas à un niveau « soutenable ». Une telle décision s’opérera au détriment de la reprise (avec des répercussions de l’augmentation des coûts de l’emprunt sur l’investissement), mais aussi de la trajectoire des finances publiques (en alourdissant la trajectoire de la dette). Sur le dernier point, la situation au Brésil sera à surveiller. Sa dette publique évolue toujours sur des niveaux critiques malgré une amélioration observée depuis février (cf. graphique 5).
La poursuite du relèvement des taux d’intérêt en AmLat et dans les PECO aura enfin pour conséquence le creusement du découplage monétaire avec l’Asie. Dans cette région, la politique monétaire restera accommodante. Malgré l’accélération de la hausse des coûts de production, la traduction de l’inflation d’amont en aval n’est pas totale, à l’image de la situation en Chine. Parallèlement, les risques associés aux sorties de capitaux sont moindres comparé aux autres régions en raison de leur situation financière plus confortable (excédents courants, matelas de réserves de change). Dans un contexte où l’incertitude sanitaire reste élevée compte tenu de l’approche « zéro Covid » et de la lente campagne de vaccination, le soutien à la croissance sera prioritaire et la politique monétaire restera, de son côté, accommodante. La réorientation en faveur d’une approche plus souple en Chine (baisse du ratio des réserves obligatoires de 50 points de base à partir de juillet) illustre bien la divergence qui existe et qui s’accentue avec les autres régions de l’univers « émergents ».
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