Pays émergents : nouveaux signes de faiblesse dans le secteur manufacturier en juin 2019
Par Thuy Van Pham, Economiste Marchés Emergents chez Groupama Asset Management.

L’activité industrielle des économies émergentes (EMs) s’est de nouveau affaiblie en juin 2019. Sur fond du conflit commercial sino-américain, l’indice PMI des principales EMs a reculé, à 49 après 49,6 en mai et 50,1 en avril (cf. graphique 1).
La dégradation des enquêtes est quasi généralisée, en Asie émergente mais aussi en Europe centrale. En particulier :
- L’économie chinoise est de nouveau sous pression. Les deux indices PMI (officiel et Caixin/Markit) se retrouvent en dessous de la ligne des 50 (cf. graphique 2).
Les trois composantes principales telles que les ventes domestiques, les nouvelles commandes à l’exportation et la production ont baissé. Cette dégradation du climat des affaires ne devrait pas cependant impacter la dynamique de la croissance du deuxième trimestre. Celle-ci ressortirait à au moins 6,3 % sur un an après 6,4 % au premier trimestre ;
- En Asie, dans le sillage de la Chine, les partenaires commerciaux comme Taiwan ou la Corée du Sud ont vu le climat des affaires vivement dégrader. Le secteur industriel indien et indonésien semble encore résister à ce stade. Les indices PMI ont certes reculé, mais restent au-dessous de la ligne des 50, suggérant la poursuite de l’expansion du secteur manufacturier à un rythme cependant plus modéré ;
- En Europe centrale, l’activité manufacturière continue de pâtir des incertitudes autour de l’économie de la zone euro. L’indice PMI tchèque a inscrit son plus bas niveau historique. Seul l’indice hongrois reste au-dessus de 50, reculant toutefois de plus de 3 points par rapport à mai ;
- La situation semble se stabiliser en revanche du côté des pays » vulnérables « . Après un printemps dominé notamment par les incertitudes politiques et de gouvernance pénalisantes pour la demande domestique, le mouvement de contraction de l’activité manufacturière s’est interrompu. La reprise de cette dernière demeure cependant fragile, notamment en Turquie et en Afrique du Sud.
La trêve dans l’escalade commerciale entre la Chine et les Etats-Unis en marge du G20 fin juin à Osaka permettrait d’atténuer le mouvement de dégradation actuel. Toutefois, l’impact devrait être transitoire. Au-delà des interrogations autour d’un accord sur les échanges de biens, les différends entre Donald Trump et Xi Jinping demeurent profonds, à la fois en termes de calendrier et d’objectifs, et continueront d’entretenir les incertitudes sur le commerce international. S’ajoutent à cela les inquiétudes autour de la dynamique de la croissance des pays développés alors que les pressions baissières liées aux fragilités domestiques (structurelles et politiques) restent manifestes, notamment dans les pays vulnérables.
Dans ces conditions, nous maintenons notre scénario de modération de la croissance agrégée des EMs. Cependant, la balance des risques est clairement baissière compte tenu des incertitudes liées au commerce mondial qui persistent et qui risquent de s’enflammer de nouveau et à tout moment. Couplée avec la faiblesse de l’inflation, la dégradation des perspectives de croissance incitera, en conséquence, les banques centrales à être plus accommodantes (cf. graphique 3).
A ce stade, seule la République tchèque a relevé ses taux directeurs. Les banques centrales polonaise et hongroise ont, quant à elles, retardé le début du cycle de resserrement monétaire malgré l’accélération de l’inflation au-dessus de la cible. La Banque centrale brésilienne semble envisager la possibilité de baisser à nouveau le Selic sous réserve de l’approbation parlementaire des réformes des retraites. Enfin, les banques centrales russe et asiatiques (Inde, Philippines, Malaisie par exemple) ont d’ores et déjà repris le cycle d’assouplissement de leur politique monétaire.
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