Comme attendu, le Conseil des gouverneurs a décidé d’abaisser ses taux directeurs de 25pdb, soit le taux de dépôt, le taux de refinancement et le taux de facilité, à respectivement 2.50%, 2.65% et 2.90%. La BCE maintient son approche « data dependant », réunion par réunion et ne s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière. La BCE a cependant ajusté son évaluation sur le niveau de restrictivité de sa politique monétaire de « restrictive » à « sensiblement moins restrictive », suggérant que l’on se rapprocherait d’une « pause », en ligne avec notre scénario.
Ce que l’on retient :
- Le processus de désinflation est en bonne voie et l’évolution de l’inflation a été globalement conforme aux anticipations de la BCE (cf tableau des prévisions).
- Les prévisions de croissance maintiennent une reprise mais plus progressive en raison du niveau exceptionnellement élevé des incertitudes (cf tableau des prévisions).
- La politique monétaire devient sensiblement moins restrictive : cela se voit dans les données observables telle que la croissance des prêts accordés aux entreprises et aux ménages.
- Le niveau « phénoménal » des incertitudes conduit la BCE à rester « vigilante » et « agile » ; la BCE scrute les données « plus que jamais » ; la dépendance aux données et l’approche réunion par réunion ont été les thèmes clés de la conférence de presse.
- Il n’y a pas eu de discussion sur la réduction du bilan (QT) ; l’ajustement continue de se faire progressivement comme prévu. L’outil principal de la politique monétaire reste les taux d’intérêt.
Notre analyse : la Présidente de la BCE est restée volontairement assez vague durant la conférence de presse. Le niveau des incertitudes qualifié de « phénoménal » incite la BCE à maintenir le flou concernant une possible pause au prochain Conseil des gouverneurs le 17 avril. Les récentes décisions en matière de politique budgétaire en Zone euro et plus particulièrement en Allemagne ne sont pas encore inclues dans les prévisions de la BCE mais sont susceptibles de stimuler la croissance. Une participation plus active de la politique budgétaire est une bonne nouvelle pour la BCE car cela permettra de desserrer les contraintes sur la politique monétaire. Dans l’ensemble, la BCE pourrait se donner du temps afin de surveiller l’évolution de la géopolitique, d’observer les effets de la politique commerciale américaine et de disposer des détails des récents plans budgétaires.
