L’enquête de la BCE (*) sur les conditions bancaires au 4ème trimestre 2024 dans la zone euro publiée aujourd’hui fait état d’un nouveau resserrement des prêts aux entreprises, après une constante amélioration depuis un an (cf graphe1). La prudence des banques à prêter s’explique par l’augmentation des risques perçus liés aux perspectives économiques et par la faible tolérance au risque. Les conditions d’octroi pour les prêts aux ménages restent, en revanche, globalement inchangées après trois trimestres d’assouplissement. La demande de crédit des entreprises a continué d’augmenter légèrement au T4-2024, mais reste faible. Tandis que la demande de prêts du côté des ménages est restée forte.
Dans les détails, l’enquête montre que les conditions de l’offre de crédit pour les entreprises au 4ème trimestre se sont resserrées en France et en Allemagne tandis qu’elles se sont assouplies en Italie. Plusieurs facteurs expliquent cette prudence, tels que la tolérance au risque, les perspectives économiques, et l’incertitude politique accrue en France et en Allemagne. Les banques s’attendent à un nouveau resserrement au T1-2025.
Du côté des ménages, les banques font état de conditions inchangées pour l’achat de logements et d’un nouveau resserrement pour le crédit à la consommation. La concurrence entre les banques a favorisé les conditions de prêts aux ménages pour un logement tandis que la tolérance au risque et la perception du risque ont eu un effet de resserrement sur les conditions d’octroi. Comme observé précédemment, l’amélioration est largement portée par les évolutions en France pour le 4ème trimestre consécutif. Les banques anticipent un resserrement des conditions de crédit aux ménages au T1-2025.
Du côté de la demande, les banques signalent une légère hausse de la demande nette des prêts pour les entreprises au 4ème trimestre 2024, tirée principalement par la baisse des taux d’intérêt (cf graphe 2). Cela dit, la demande est encore faible et reflète la faiblesse persistante de la conjoncture, en particulier dans certains secteurs à forte intensité d’investissement. Certaines banques font également référence aux incertitudes économiques et (géo) politiques comme facteur modérateur de la demande de prêts des entreprises. On observe une disparité importante entre les pays : la demande de prêts augmente en Allemagne, en Espagne et en Italie tandis qu’elle diminue nettement en France. Les banques tablent sur une demande de prêts globalement inchangée au T1-2025.
Du côté des ménages, la demande de prêts pour le logement a continué d’augmenter fortement, également tirée principalement par la baisse des taux d’intérêt. Cette hausse de la demande a été généralisée dans tous les pays de la zone euro. Les banques anticipent une nouvelle augmentation de la demande au T1-2025.
Globalement, les résultats de l’enquête de janvier indiquent que l’assouplissement récent de la politique monétaire n’a pas encore été pleinement répercuté sur les conditions bancaires (cf graphes 3 & 4) : l’incertitude économique et politique continue d’affecter la volonté des banques de prêter et la demande manque de dynamisme. Ces résultats reflètent ainsi la prudence des banques et seront évidemment commentés par la BCE au prochain Conseil de politique monétaire (jeudi). Pour rappel, cette dernière devrait très probablement à nouveau réduire le caractère restrictif de sa politique monétaire, de 25 pdb, laissant le taux de dépôt à 2.75%.
(*) Enquête BCE menée entre le 10 décembre 2024 et le 7 janvier 2025 (155 banques interrogées, avec un taux de réponse à 99%)



