Comme attendu, le Conseil des gouverneurs a décidé de laisser inchangés ses 3 taux directeurs, soit le taux de dépôt, le taux de refinancement et le taux de facilité, à respectivement 3.75%, 4.25% et 4.50%. La BCE maintient son approche « data dependant » et ne s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière.
Ce que l’on retient :
1/ Pas de surprise : d’une part, la BCE a souligné de nouveaux progrès sur le front de l’inflation : « la plupart des mesures de l’inflation sous-jacente sont restées stables, ou ont légèrement baissé en juin » ; d’autre part, « les pressions sur l’inflation domestique restent élevées, l’inflation dans les services est élevée et l’inflation globale devrait rester supérieure à notre objectif pendant une bonne partie de l’année prochaine ». La BCE considère que les informations disponibles à ce jour sont conformes à leurs prévisions de juin (pas de surprise) et qu’elle a besoin de plus de données pour prendre une décision, sous-entendu rendez-vous en septembre, où toutes « les options sont ouvertes ». Pour rappel, la BCE opte généralement pour une prise de décision au moment de la mise à jour des projections macroéconomiques.
2/ Data dependant : la BCE conserve son approche « dépendante des données » ; d’une part, son attention se portera sur les chiffres d’inflation de juillet et d’août, qui seront disponibles avant la réunion de septembre ; d’autre part, la BCE accordera aussi une attention particulière sur les données « moins fréquentes » notamment sur les salaires mais aussi sur les bénéfices des entreprises et sur la productivité (toutes trois trimestrielles), qui seront aussi disponibles avant la réunion de septembre.
3/ Décision unanime sur le statu-quo, sur l’approche « data dependant » et sur le fait de ne pas s’engager à l’avance sur une trajectoire de taux particulière.
4/ Pas d’inquiétude sur la reprise : d’une part, les services continuent de « tirer » la reprise et le renforcement des revenus réels soutiendra la consommation des ménages au cours des prochains mois, dans un contexte où le marché du travail reste résilient ; d’autre part la production industrielle et les exportations de biens ont été faibles mais devraient bénéficier de l’augmentation de la demande mondiale. La politique monétaire devrait également peser moins lourdement sur la demande au fil du temps.
5/ Le paragraphe sur les politiques budgétaires et structurelles a été étoffée : la BCE salue les récentes orientations de la Commission européenne appelant les Etats membres à renforcer la viabilité budgétaire et la déclaration de l’Eurogroupe sur l’orientation budgétaire de la zone euro en 2025. La BCE ajoute que la mise en œuvre intégrale et sans délai du cadre révisé de gouvernance économique de l’UE aidera les gouvernements à réduire durablement les déficits budgétaires et les ratios d’endettement.
6/ La revue stratégique : la mise à jour en juillet 2021 a été un exercice très important qui a abouti à une cible d’inflation symétrique de 2%. Une évaluation périodique a été prévue et se trouve dans l’agenda en 2025. Cela dit, la Présidente Lagarde a confirmé qu’il s’agirait d’un exercice beaucoup plus restreint, qui ne porterait ni sur l’objectif d’inflation de 2% et ni sur l’idée récemment évoquée de « dot plots » comme pratiquée par la Fed. Les conclusions seront probablement disponibles au second semestre 2025.
Globalement, la rhétorique de la BCE aujourd’hui renforce nos principes de politique monétaire en période d’incertitude sur le niveau du taux neutre soit 1/ ne pas agir trop rapidement ; 2/ ne pas ajuster trop souvent ; 3/ privilégier une politique de « petits pas ». Nous maintenons une autre baisse de 25 pdb au 2nd semestre, probablement en septembre. Au-delà, la « fenêtre de tir » serait plus étroite, selon nous, car un rebond de l’inflation remettrait en cause une baisse au T4-2024. Nous maintenons à ce stade une enveloppe de 50pdb pour 2025 (2 baisses de 25pdb).