Comme attendu, le Conseil des gouverneurs a décidé d’abaisser ses taux directeurs de 25 pdb, soit le taux de dépôt, le taux de refinancement et le taux de facilité, à respectivement 2.75%, 2.90% et 3.15%. La BCE maintient son approche « data dependant », réunion par réunion et ne s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière. La BCE reste en mode « gestion du risque » et continue de scruter attentivement les indicateurs d’activité et de prix. A ce stade, la BCE considère que les risques sur la croissance demeurent baissiers tandis que le processus de désinflation est en bonne voie.
Ce que l’on retient :
- Le processus de désinflation a été décrit comme étant « en bonne voie » : les données sur l’inflation sont « globalement conformes » avec les projections de la BCE et donc en ligne avec un retour durable vers la cible de 2% à moyen terme ; l’inflation domestique reste élevée (cf graphe 1), en raison de la poursuite de l’ajustement des salaires mais les données récentes suggèrent que les tensions sur les salaires s’atténuent (c’est une question de décalage).
- L’économie devrait rester faible à court terme mais les conditions d’une reprise demeurent toutefois réunies : le marché du travail s’est tempéré mais reste robuste, avec un taux de chômage au plus bas à 6.3% (cf graphe 2) ; la solidité de l’emploi et la croissance des revenus devraient permettre une hausse de la consommation et les exportations devraient soutenir également la reprise.
- La décision a été facile à prendre puisqu’elle a été prise à l’unanimité. Il n’y a pas eu de discussion sur une baisse de 50 pdb. A 2.75%, le taux directeur est toujours qualifié de « restrictif » et il n’y a pas eu de discussion sur le niveau du taux neutre que la Présidente qualifie de « prématurée ». Ch. Lagarde a mentionné la publication de nouvelles estimations sur le taux neutre pour le 7 février, qui pourraient servir d’ancrage au débat au sein du Conseil des gouverneurs.
Globalement, la présidente de la BCE reste convaincue que l’inflation évoluera durablement vers 2% et que l’économie restera faible à court terme. Dans ces conditions, et même si la BCE ne s’est pas engagée à l’avance sur une quelconque trajectoire de taux, il est assez clair qu’elle souhaite continuer à réduire ses taux lors de sa prochaine réunion en mars, en ligne avec notre scénario. A partir de 2.5%, le taux directeur serait à priori sur la borne haute de la fourchette récemment donnée par Christine Lagarde sur le niveau du taux neutre soit de 1.75% à 2.5%. A ce niveau, les débats au sein du Conseil vont très probablement s’intensifier.

